Au cours de l'année 2010, la wilaya d'Alger a relogé 10 000 familles, soit environ 60 000 personnes dans le cadre du programme portant lutte progressive contre l'habitat précaire. Ces familles issues des bidonvilles, des cimetières, des anciennes fermes agricoles, des chalets et des immeubles menaçant ruine ont été recasées dans des cités nouvellement implantées dans les communes de la périphérie comme Birtouta et Tessala El Mardja. «J'ajoute que cette année nous devrions livrer dans la capitale environ 17 000 logements, ce qui constituera un record», révèle le wali Mohamed Kébir Addou dans un entretien accordé au mensuel El Djazaïr.com du mois d'août. M. Addou se limite à l'annonce ; il ne donne aucun détail sur cette nouvelle livraison et la catégorie de gens qui vont en bénéficier. Depuis le 24 mai, c'est la troisième fois que le wali fait une annonce publique en la matière. La première fois, il était question de distribuer, en juillet, quelque 5000 logements sociaux-locatifs à des familles issues des sites précaires de «cinq grands quartiers populaires». Le 19 juin, lors des premières assises nationales de l'urbanisme, il parle désormais d'«au moins deux nouvelles grandes opérations». «Il reste encore au moins deux grandes opérations de relogement à faire d'ici la fin de l'année. Ce sont des opérations qui vont continuer, qui ne vont s'arrêter que lorsqu'il n'y aura aucun bidonville à Alger», avait déclaré M. Addou à la presse. Intervenant le lendemain sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale, Mohamed Smail, directeur du logement de la capitale, avance, de son côté, que «quelque 10 000 familles seront relogées avant la fin 2011 dans la wilaya d'Alger». Cependant, le 29 juin, à l'occasion de l'ouverture des travaux de la deuxième session annuelle de l'assemblée populaire de wilaya (APW), consacrée à l'adoption du budget supplémentaire, le wali s'abstient de faire la moindre déclaration concernant cette distribution. L'opération promise en juillet n'a finalement pas eu lieu. Au lieu de cela, M. Addou parle de 17 000 logements à livrer d'ici décembre. Dans les quartiers, des bruits courent quant à une éventuelle attribution d'appartement après le Ramadhan. «Comme chacun le sait, le logement constitue depuis des décennies l'un des problèmes majeurs de notre société parce qu'il affecte directement la dignité de nos concitoyens (...) A Alger et comme chacun le comprendra, nous avons tout d'abord placé au cœur de nos préoccupations ceux parmi les nôtres qui vivaient et qui vivent encore dans des habitations précaires totalement insalubres situées parfois sur des sites inondables et parfois démunis de tout équipement public. Je m'empresse de le dire plus pour très longtemps, car il s'agit évidemment d'une situation inacceptable», déclare le wali au mensuel. Pour mettre un terme à cette situation, précise-t-il, la wilaya a concentré ses efforts, dans une première étape, sur trois axes, à savoir l'éradication frontale de l'habitat précaire, la réhabilitation des logements susceptibles de l'être et la réalisation de logements neufs. A titre comparatif, entre 1980 et 1989, l'Etat a réalisé environ 35 000 logements, soit une moyenne de 3500 logements par an ; entre 1990 et 1999, l'Etat en a réalisé environ 29 000, soit environ 2900 unités par an ; enfin entre 2000 et 2009 il a réalisé 82 000 logements, soit environ 8200 logements par an. Changement de style «Ces chiffres qui parlent d'eux-mêmes montrent une accélération méritoire de notre rythme de réalisation qui devrait encore croître très significativement dans les années à venir. Bien évidemment et malgré ces réalisations significatives et notables, la wilaya d'Alger continue d'enregistrer encore des demandes de logements évaluées à environ 108 000 logements sociaux», estime-t-il. Que font les autorités pour répondre à cette forte demande ? «C'est dans ce contexte, à tout le moins complexe, mais aussi sensible socialement que nous avons mis en œuvre une approche transparente et pragmatique à même de garantir des engagements précis de la wilaya au titre de l'exercice 2010-2014», répond-il. En clair, dans une première phase, les emprises foncières nécessaires à la construction des 45 000 logements ont été dégagées. «Ils sont aujourd'hui pour bon nombre d'entre eux en cours d'étude et nous nous organisons pour que les premiers coups de pioches interviennent au plus tard à la fin de cette année», promet-on. De plus, les autorités comptent sur le projet de révision du Plan directeur d'aménagement et d'urbanisme (PDAU) pour implanter de nouveaux programmes de construction de logements. «Une application par anticipation des orientations issues de la révision du PDAU permet de dégager un potentiel foncier susceptible d'accueillir, à très courte échéance, 120 000 logements dans le cadre de la création de pôles d'aménagement intégrés d'ores et déjà identifiés et à l'étude», indique M. Addou. Le wali parle même d'un changement de style : «Nous allons concevoir des opérations d'habitat radicalement différentes de ce qui s'est fait jusqu'à présent. L'opération de renouvellement urbain autour de l'éco-quartier de Bateau-Cassé (Bordj El Kiffan) en cours de conception préfigurera les formes urbaines, écologiques et sociales que prendra ce programme.» L'objectif de tout cela est de réaliser, d'ici à 2014, autour de 110 000 logements urbains de qualité, «en vue de répondre à l'intégralité de la demande exprimée par les citoyens».