«Tizi Ouzou n'aura plus soif», «La wilaya de Tizi Ouzou aura de l'eau H24», ou encore, «L'alimentation en eau potable (AEP) des wilayas de Tizi Ouzou et Bouira est définitivement assurée, au moins pour les 20 prochaines années»… Ce sont les propos du ministre des Ressources en eau, lors de ses visites effectuées dans ces deux wilayas, pour inspecter quelques chantiers de son secteur. Moins d'une année après, les déclarations de Abdelmalek Sellal ne semblent pas se concrétiser. Ce dernier a carrément fauté dans ses calculs. Tizi Ouzou a vraiment soif, et plus que ne l'imagine le ministre. Le nombre exorbitant d'actions de contestation qui se multiplient ces derniers jours un peu partout dans la wilaya dénote bien de la situation «catastrophique» d'un secteur sensible en cette période des plus sensibles, l'été. En effet, il ne se passe plus un jour sans qu'une route ne soit bloquée, une mairie ou un siège de daïra fermés. Mieux, les citoyens s'attaquent désormais aux agences de l'Algérienne des eaux (ADE). Une agence qui semble porter tout sur le dos, alors qu'elle est juste censée gérer la distribution de ce liquide. Sur le terrain, c'est toute la politique du secteur qui est remise en cause. Le transfert des eaux depuis le barrage Koudiet Asserdoun de Bouira, le second en Algérie après celui de Béni Haroun en termes de capacité (650 millions m3) vers Tizi Ouzou, un projet qui a coûté la bagatelle de 1,2 milliard DA, aurait assuré, selon le ministre, «l'eau H24 à 226 000 habitants de la région sud de Tizi Ouzou, avec un volume journalier de 57 500 m3 jusqu'en 2030». Les principales localités concernées sont Draâ El Mizan, Frikat, Ouadhias, Boghni, Assi Youcef, Mechtras, Souk El Tenine et Tizi N'Tlata. Hélas, la majorité de ces localités ont paradoxalement connu ces derniers jours des actions de protestation parce qu'elles avaient tout simplement soif ! Plusieurs arguments sont avancés ici et là par la direction de l'hydraulique de wilaya, les agences d'ADE et les responsables locaux, concernant la pénurie d'eau. Mais le citoyen, surtout celui des régions et villages les plus reculés, n'est concerné ni de près ni de loin par ces justificatifs. «Vétusté des conduites AEP, alimentation à tour de rôle des régions ou éclatement des conduites. Tout ça ne tient pas la route», ne cessent de répéter les protestataires à chacune de leur action. Alors que la wilaya d'Alger, à une centaine de kilomètres, est alimentée depuis le barrage de Taksebt, des localités plus proches connaissent une soif qui ne dit pas son nom. Pire, les responsables en charge du secteur n'ont pas cessé de répéter durant l'hiver que le niveau de remplissage des barrages est très élevé, ce qui assurerait, selon leurs pronostics, «un été sans pénurie». Mais, voilà que moins d'une année après, le risque «d'émeutes de la soif» n'est pas à écarter.