Une table ronde intitulée «Presse algérienne, état des lieux et perspectives» a été organisée, jeudi, par le Front des forces socialistes en son siège à Alger. Elle a été animée par Ammar Belhimer, docteur en droit et enseignant à l'université, Ali Djerri, ex-directeur de la publication d'El Khabar et actionnaire au sein du groupe de presse El Khabar-El Watan, Mohamed Iouanoughen, rédacteur en chef au sein du quotidien Wakt El Djazair, et Chafaâ Bouiche, journaliste dans le même organe et secrétaire national à la communication au FFS. Les intervenants se sont donné le mot pour accuser le pouvoir d'être à l'origine de «la situation dramatique» dans laquelle évolue la presse nationale et dresser un état des lieux peu reluisant de la presse. Après une minute de silence observée en hommage aux journalistes décédés dans l'exercice de leurs fonctions, les débats ont été entamés en présence de personnalités, dont le colonel Bouragaâ, Me Bouchachic et de personnalités du monde médiatique. M. Bouiche a ouvert les débats par la lecture d'un communiqué au travers duquel il accuse «le pouvoir en lui faisant porter la responsabilité de la dégradation de la pratique de l'information». « La presse à été muselée et beaucoup d'organes ont été reconfigurés en canaux de propagande.» Il affirmera que «le pouvoir est également responsable des restrictions des libertés et à l'origine du refus catégorique quand à l'ouverture du champ médiatique». Le rédacteur en chef de Wakt El Djazaïr est intervenu pour dresser un état qu'il estime «piteux» de la presse algérienne tout en faisant la lecture d'un document. Pour l'ancien rédacteur en chef d'El Khabar, «le droit de publier est une clef, voire une issue pour la presse algérienne», ajoutant à ce sujet que «les règles ne sont pas établies de manière transparente par le pouvoir». Pour sa part, Amar Belhimer, enseignant et chroniqueur , a, quant à lui, fait référence à des travaux élaborés par des experts, affirmant «la nécessité d'une autoévaluation de la situation». Une évaluation élaborée par des experts algériens (Baromètre africain des médias) qui porte sur les divers aspects de la presse. Le premier point de ce baromètre portait sur la qualité des normes légales (cadre juridique et protection), et sur ce point, l'orateur rappela la loi 90/07 qui fut suspendue et qui était plus favorable aux journalistes. La diversité et la transparence viennent à manquer et sur ce point, Belhimer, qui releva «l'absence de cadre de société», a mis l'accent sur l'absence de diversité et de transparence au sein de la presse algérienne. Il note également «l'absence d'institution de régulation», en rappelant également que «pour des raisons politiques, le pouvoir a dissous le conseil supérieur de l'information». «Ce secteur est pauvre et il évolue sous un autoritarisme policier», conclut-il. L'absence de la formation, vecteur de progrès, a été également évoquée. «Ces insuffisances sont imputées aux clivages de la presse et à la manipulation des décideurs», dira Belhimer, qui suggère «l'impérative création d'un comité d'éthique en qualité d'instance préalable». Evoquant, par ailleurs «les conditions déplorables et précaires dans lesquelles exercent les journalistes algériens», Ali Djerri a centré son intervention sur la nature des relations entretenues entre la presse et le pouvoir, indiquant que «la presse écrite est en totale régression» découlant «des pressions et des conditions imposées par le pouvoir en place». Il évoque la déliquescence des institutions affirmant «pour que la presse soit le quatrième pouvoir, il faudrait que d'autres pouvoirs existent». Hocine Adrien, journaliste au Jeune Indépendant, a profité de cette rencontre pour lancer un appel aux journalistes afin de les persuader d'assister aux «assises que compte organiser la corporation», a-t-il dit sans autre détail.