Notre confrère, journaliste et rédacteur en chef du quotidien El Khabar, Othmane Senadjeki, est décédé hier matin à l'hôpital de Beni Messous à Alger des suites d'une maladie. Il s'est éteint à l'âge de 51 ans. Il laisse derrière lui un enfant. Il a été enterré, hier, dans sa ville natale à Khemis El Khechna, en présence d'une foule nombreuse composée de journalistes, de directeurs de journaux, des ministres, notamment celui du Travail, Tayeb Louh, de hauts cadres de l'Etat, le général Khaled Nezzar et le secrétaire général de l'UGTA, Sidi Saïd, ainsi qu'un nombre impressionnant de citoyens de Khemis El Khechna. Othmane avait commencé sa carrière en 1985 au journal El Chaâb après avoir décroché sa licence en sciences politiques et relations internationales 1982. Il crée, en 1990, le quotidien El Khabar avec des confrères et depuis, il est devenu l'une des pièces maîtresses de ce quotidien. Il s'est incontestablement imposé avec sa gestion exemplaire de l'information durant la guerre du Golfe, en qualité de chef de rubrique internationale. Il remplace, en 1995, le défunt Omar Ourtilène. Othmane Senadjeki était tout simplement le repère de la rédaction d'El Khabar et l'espoir des journalistes correspondants. Son cheval de bataille était de décrocher un statut qui protègerait les correspondants de presse de toute pression. «Je retiens de lui son combat pour les correspondants de presse. C'est l'un des rares responsables de la presse privée à avoir pris conscience qu'il faut protéger les journalistes de l'intérieur du pays en leur offrant les mêmes droits que ceux des rédactions centrales. C'est une chose qui revient régulièrement chez lui, mais, malheureusement, le message n'est pas passé au sein de ces rédactions», affirme Omar Belhouchet, directeur de la publication d'El Watan. Très affecté, il témoigne également de la sensibilité de Othmane envers l'information régionale. «Je garde de lui également l'image d'un rédacteur en chef à l'écoute des journalistes en dépit de toutes les pressions et la charge de travail. C'est un travailleur infatigable», ajoute M. Belhouchet. Le directeur de la rédaction d'El Khabar, Kamel Djouzi, affirme avoir perdu un repère, un guide et une référence pour son équipe : «Il est plus qu'un frère. Nous sommes ensemble depuis 1985. Il continuait à travailler malgré notre insistance. Rien ne l'arrêtait. Malgré sa maladie, il continuait de monter les quatre étages quotidiennement pour arriver à son bureau et à chaque fois, c'est une douleur aux poumons qui se déclenche. Il refusait le repos et il était présent à la rédaction jusqu'à samedi dernier, jour où il a été hospitalisé.» Ses amis et collègues ne trouvent plus de mots pour témoigner de sa disponibilité pour le travail et de son amour pour le journalisme. Othmane Senadjeki vivait pour le journalisme, s'accordent-ils à dire. «Nous avons travaillé ensemble pendant 15 ans. Il a une qualité humaine rare et extraordinaire. Il ne vivait que pour son travail qui le passionnait. Un jour après l'avoir supplié de rentrer chez lui pour se reposer, il m'avait répondu par l'affirmative et j'étais presque sûr qu'il avait quitté la rédaction. Finalement, je l'ai retrouvé dans la salle technique», témoigne Mohamed Iouanoughène, rédacteur en chef du journal Wakt El Djazaïr, ancien d'El Khabar. Slimane Hamiche, journaliste à El Khabar, parle d'un homme de terrain et de lutte : «J'estime que la qualité de notre journal témoigne, à elle seule, du professionnalisme de Othmane Senadjeki. Il a donné à sa profession ce qu'il possédait de plus précieux : la santé.»