Un vibrant hommage a été rendu dimanche soir au chantre du Malouf, cheikh El Hadj Mohamed Tahar Fergani, à la salle Ibn Zeydoun de Ryadh El Feth, à l'occasion de son jubilé. Devant un gotha du monde la culture et des arts, Mme Toumi, ministre de la Culture, a honoré le grand maître du malouf pour sa riche carrière et pour avoir développé et conservé ce legs musical de la région de Constantine. Dans son allocution, la ministre de la Culture a félicité le musicien émérite pour son talent et sa brillante carrière. Dès l'entame, une présentation du parcours artistique et de la vie du grand maître a été faite par Abdelkader Bendaamèche, commissaire du Festival national du chaâbi, et par le visionnage d'un documentaire d'Abdelmadjid Merdaci sur l'itinéraire de Mohamed Tahar Fergani. Produit par la station régionale de Constantine et mixé par Zakaria Zioud, ce court métrage a permis d'avoir une vue synoptique de la vie et de l'œuvre musicale du grand Cheikh. A ce sujet, M. Merdaci s'est exprimé en ces termes : «Les hommages sont toujours mérités pour le talent de l'homme et pour son itinéraire qui est un marqueur de l'évolution de son art et de nos sociétés. Le ministère de la Culture rend hommage à cet artiste qui reste l'héritage de toutes les musiques de Constantine.» Au cours de cette manifestation, des prestations musicales de haute facture de med'h ont eu lieu devant un public fort nombreux qui a apprécié ces louanges et glorifications à Dieu. La seconde partie de la soirée a été consacrée à des morceaux musicaux émanant du répertoire de Fergani. Les chansons de Fergani interprétées par des jeunes artistes ont enchanté l'auditoire qui semblait priser le malouf. Dans l'assistance, des familles ont été subjuguées par ces madih et par le répertoire de Fergani. A cet effet, des jeunes gens, la vingtaine, étaient présents. Djamel, étudiant à Montpellier, avoue : «Comme je suis de l'ouest du pays, je suis venu pour découvrir ce style musical que je ne connais pas.» Son amie Sarah qui travaille dans le textile affirme : «Moi aussi je ne connais pas. Pour moi, c'est une découverte. J'essaye de comprendre les paroles pour m'imprégner de cette musique.»
Une vie consacrée au malouf A l'évidence, il apparaît que ce genre musical souvent boudé semble être revisité. Va-t-il reconquérir ses lettres de noblesse ? Faisant partie du patrimoine musical algérien, il a gardé son public. Il est à signaler que cheikh Mohamed Tahar Fergani, natif de Constantine, a baigné dans un milieu atavique propice à la musique. Son père, sa mère et sa sœur Z'hor, tous mélomanes, jouaient d'un instrument. Ayant investi d'abord la musique orientale égyptienne qu'il apprécie à travers le cinéma, il est pris dans la troupe de musique dirigée par le musicien Missoum et par la suite, il intègre l'association «Le lever de l'aurore» sous la férule de Mohamed Derdour. Fergani se déploie par la suite, dans l'activité artisanale (broderie). Après l'indépendance, crée sa maison de production, ce qui lui permettra de diffuser ses propres disques. Consacré, le chanteur a fait de nombreuses tournées et semaines culturelles dans divers pays, notamment aux USA, au Canada, en Espagne, en Hollande, en France au Maroc, en Tunisie et en Libye... Cet hommage a permis au grand cheikh d'être consacré une fois de plus pour son talent, sa détermination et pour la préservation de ce legs atavique musical. Il faut rappeler que ce pionnier du malouf de Constantine a réussi à valoriser cet art et à le conserver. La famille Fergani compte plus de trente musiciens et chanteurs (hommes et femmes). Son fils Selim a déjà repris le flambeau et il est déjà le digne remplaçant de son paternel. Après ce jubilé, Hadj Mohamed Tahar Fergani peut dormir tranquille. Sa mission a été très bien accomplie.