Annoncé au Niger en direction du Burkina Faso, Mouammar Kadhafi pourrait se trouver encore en Libye, selon le Conseil national de transition libyen (CNT), toujours en négociations pour entrer «sans effusion de sang» dans la ville de Bani Walid, un autre bastion des Kadhafistes. Les avis sur le sort de l'ancien guide restent divergents, mais les rebelles se sont montrés hier plus sûrs d'eux. Alors que les dirigeants nigériens ont démenti la présence de l'ex-leader libyen sur leur sol, en expliquant que parmi le «petit groupe» passé chez eux - 200 voitures,selon le Conseil national de transition libyen (CNT) - le Guide libyen n'y était pas, les rebelles ont affirmé que son sort était scellé. Kadhafi pourrait se trouver en Libye, puisqu'il représenterait «un problème pour le Niger», même son de cloche pour les autorités burkinaises qui ont aussi démenti qu'elles étaient prêtes à l'accueillir - seulement quinze jours après avoir dit le contraire. Un porte-parole du CNT a annoncé que sa capture ou sa mort n'était plus qu'une question de temps. Mouammar Kadhafi serait cerné, a affirmé le porte-parole du CNT, Anis Sharif, qui a assuré que l'ancien Guide libyen était toujours dans son pays et qu'il avait été repéré. Néanmoins, il a refusé de communiquer à quel endroit, évoquant seulement une zone de 60 km encerclée par les rebelles, ajoutant : «Il ne peut pas s'en sortir.» Par contre, son ex-porte-parole, Moussa Ibrahim, interrogé lundi par téléphone par la télévision arabe Arrai, a déclaré que son ex-leader était «en excellente santé» et «dans un endroit que cette racaille n'a pas atteint», a-t-il déclaré faisant allusion aux forces du CNT. «Il combat à l'intérieur de la Libye» et «organise la défense» de son pays, a-t-il ajouté. «Nous sommes encore puissants», a-t-il assuré, affirmant sans les nommer que les fils du dirigeant libyen renversé «assument leur rôle dans la défense et le sacrifice» pour leur pays. La présence de Kadhafi en Libye a été aussi évoquée par Mikhaïl Marguelov, représentant spécial pour l'Afrique du président russe Dmitri Medvedev. «Différentes versions sont examinées, et toute sorte de rumeurs circulent. Toujours est-il que Kadhafi ne s'est pas manifesté jusqu'ici. A mon sens, il se trouve toujours sur le territoire libyen, mais on ignore où il pourrait se diriger à l'avenir», a déclaré M. Marguelov à la presse à Iaroslavl, ville sur la Volga qui accueille actuellement un forum politique mondial. Selon lui, Moscou mène un dialogue très actif avec des représentants libyens. «Le ministre du Pétrole et de l'Energie de la Libye est attendu prochainement à Moscou, nous nous entretiendrons aussi étroitement avec la délégation libyenne en marge de la session de l'Assemblée générale de l'ONU à la mi-septembre», a indiqué le sénateur. C'est aussi l'avis des Etats-Unis qui disent ne pas croire que Kadhafi soit parmi les gens dans un convoi de véhicules libyens entré au Niger. La porte-parole du département d'Etat américain Victoria Nuland a annoncé que l'ambassadeur des Etats-Unis au Niger avait discuté de la question avec des responsables nigériens. «Apparemment, un convoi est entré, et dans lequel il y a certains hauts responsables du régime de Kadhafi, mais nous ne croyons par que Kadhafi soit parmi eux», a-t-elle affirmé aux médias lors d'un point de presse régulier. «Nous n'avons aucun élément que Kadhafi est ailleurs qu'en Libye en ce moment», a-t-elle poursuivi, ajoutant que les Etats-Unis n'ont pas été informés que des membres de famille de Kadhafi étaient dans le convoi. Une délégation du CNT était attendue hier soir au Niger pour demander à ce pays de sécuriser ses frontières et d'empêcher toute tentative de Kadhafi ou de sa famille d'y entrer, a annoncé le chargé des affaires politique du CNT. La décision d'envoyer la délégation au Niger a été prise par Mahmoud Jibril, le numéro deux du CNT, et «la délégation partira, dans les heures à venir, de à Tunis au Niger», a précisé Fathi Baja, chargé des Affaires politiques au CNT au cours d'une conférence de presse. Dans le même temps, le CNT a fait savoir que la ville de Bani Walid, située à 150 km au sud-est de Tripoli, l'un des derniers bastions de Kadhafi, était prête à se ranger sous l'autorité du CNT malgré la subsistance de poches de résistance dans la ville. «Les négociations hier ont été réussies et nous attendons le feu vert du CNT pour pénétrer» dans la ville a indiqué, Abdullah Kenchil, qui a mené des discussions avec des anciens issus de tribus de Bani Walid mardi. Des négociations étaient entamées depuis plusieurs jours avec des responsables locaux en vue de la reddition pacifique de la ville, où le CNT redoute que les civils soient utilisés comme boucliers humains. Outre Bani Walid, le CNT a fixé un ultimatum jusqu'à samedi aux forces pro-Kadhafi dans deux autres fiefs de l'ex-leader, Shebba et Syrte (360 km est de Tripoli). Cette ville est le berceau de la tribu Warfala, la plus importante du pays, mais aussi la ville d'origine du numéro 2 du CNT Mahmoud Jibril. Des proches de Kadhafi dont son porte-parole Moussa Ibrahim sont soupçonnés de s'y cacher.