Fawzi Rebaïne, président du parti Ahd 54, est sorti de son mutisme pour dénoncer les réformes politiques engagées par le pouvoir. Dans une conférence de presse, organisée hier au siège de son parti, il a souligné que «ces réformes n'ont absolument rien apporté de nouveau ou de positif, particulièrement concernant les libertés publiques, de plus en plus bafouées». Précisant que les lois sont les mêmes, notamment celles relatives aux partis politiques, l'orateur se dit, en effet, convaincu que le staff du pouvoir travaille uniquement ses intérêts et toutes les nouvelles lois sont instaurées dans cette optique. «Le pouvoir ne veut pas instaurer la paix sociale et la stabilité, cela va à l'encontre de ses intérêts. Il craint la transparence et la stabilité», a-t-il indiqué. L'ouverture du secteur audiovisuel a été dictée, selon lui, dans le but de servir l'entourage des dirigeants de ce pays, et de s'interroger : «D'où proviennent ces richesses, utilisées par le privé dans le secteur ? Il est temps de mettre la lumière sur la source de cet argent et qui sont les personnes qui vont bénéficier de cette ouverture ?» De toutes les façons, les nouvelles lois ne constituent pas en elles-mêmes un problème, puisque Ahd 54 estime que le Président et le gouvernement ont toujours été au-dessus de ces lois et de la Constitution. C'est ainsi que plusieurs changements ont été opérés, sans passer par un référendum, comme la question du nombre de mandats accordés au président de la République. Il est tout à fait étonnant, a-t-il enchaîné, que l'entourage du Président ne se soit pas encore lancé dans une campagne électorale pour lui assurer un quatrième mandat. La question du bulletin de santé du Président revient au devant de la scène. Aucune information n'est divulguée à ce sujet, selon Rebaïne. «En tant que parti politique, nous avons demandé un bulletin de santé du président de la République, mais depuis, toutes les instances étatiques nous boudent.» Fawzi Rebaïne regrette, par ailleurs, que le rendez-vous de la tripartite soit également un autre faux espoir pour le peuple. Le trio (gouvernement, UGTA qui est au service de l'Etat, et le patronat) organisera encore une fois une pièce théâtrale, mais sans apporter grand-chose «puisque les réels concernés ne prendront pas part à cet évènement», a-t-il précisé, enchaînant : «Il est inconcevable d'épargner les syndicats autonomes de cet évènement.» Evoquant les émeutes qui ont éclaté suite à l'opération de relogement, le président de Ahd 54 a déclaré que le logement social est un moyen pour le gouvernement de maintenir la pression sur la population, mais «les concernés n'en profitent pas, puisque ces logements sont détournés à haut niveau». Abondant dans ce sens, il a estimé que le gouvernement a toujours fait dans la politique du replâtrage pour contenir la contestation populaire, sans œuvrer au long terme. Pour illustrer ses dires, il a pris l'exemple de la subvention des produits alimentaires à large consommation. Cette aide est possible dans la conjoncture actuelle, mais elle sera appelée disparaître, avec la fin des gisements pétroliers. Fawzi Rebaïne pense qu'il est temps d'instaurer la stabilité et l'équité des droits populaires. Pour cela, il espère que le vent de la révolution arabe soufflera sur notre pays.