Le président du Centre international de recherche et études sur le terrorisme (Ciret), Yves Bonnet, a participé activement à la conférence portant sur le thème «Le danger de la menace terroriste à la lumière de la situation en Libye». Ancien responsable de la DGSE française, il a séjourné en Libye, lors de l'éclatement de la rébellion contre le régime de Mouammar Kadhafi. Cette mission a permis à cet expert de prendre connaissance de la réalité du conflit libyen «loin de toute influence». «Lors de notre mission en avril dernier en Libye, on était les seuls à être des deux côtés du conflit. Nous avons fait des observations. Nous avons été peut-être les seuls à faire entendre d'autres notes discordantes, notamment en France. Nous aurions voulu que l'opinion internationale et française dispose d'informations plus crédibles sur la guerre en Libye», a-t-il souligné hier dans une déclaration à notre journal. Le président du Ciret a regretté «la couverture médiatique assurée par les médias occidentaux quant à ce conflit qui n'a pas encore livré tous ses secrets». L'ancien responsable de la DGSE s'interroge d'ailleurs sur «les appellations attribuées aux rebelles du CNT, devenus désormais des révolutionnaires pour les médias occidentaux». Le Ciret prépare actuellement, selon notre interlocuteur, un rapport sur les frappes de l'Otan, notamment celles ayant provoqué la mort de civils. Le but est de constituer un dossier solide sur le nombre de morts civils lors des attaques de l'Otan de manière à le soumettre aux instances onusiennes et internationales devant se prononcer sur ces «crimes». Par ailleurs, M. Bonnet s'interroge sur les assassinats en Libye, notamment ceux ayant ciblé des chefs militaires du CNT, dont le chef de l'état-major, le général Younès Abdelfatah, et ses deux proches collaborateurs tués dans des circonstances particulières. Y aura-t-il une seconde mission d'information en Libye ? Le président du Ciret dit ne pas envisager une telle démarche actuellement en expliquant que le Centre «ne veut pas être prisonnier d'une certaine influence». «On veut garder une certaine distance vis-à-vis des décideurs libyens. Dans l'immédiat, ce n'est pas possible de mener une enquête neutre», a-t-il ajouté.