Les forces fidèles au président yéménite Ali Abdallah Saleh ont dispersé par la force une manifestation, hier, faisant un mort à Sanaa, où une trêve précaire se maintenait entre unités militaires rivales. M. Saleh, soumis à une pression internationale de plus en plus forte pour accepter un transfert de pouvoir pacifique, devait prononcer un discours, hier soir, à l'occasion de l'anniversaire de la révolution du 26 septembre 1962, qui a renversé l'imamat et instauré la république. Les combats entre les troupes qui lui sont fidèles, notamment la garde républicaine, et les militaires ralliés au mouvement de contestation, ainsi qu'entre tribus loyales et hostiles au chef de l'Etat, ont fait 174 morts depuis leur déclenchement il y a une semaine à Sanaa. Les armes se sont tues samedi après-midi mais les forces militaires rivales étaient toujours fortement déployées hier à Sanaa, en dépit de l'ordre lancé par M. Saleh de retirer tous les militaires et dissidents armés des rues de la capitale. Des dizaines de milliers de jeunes ont profité de l'arrêt des combats pour organiser dimanche une manifestation visant à réclamer la traduction en justice de M. Saleh, qui a regagné Sanaa vendredi après une absence de plus de trois mois. «Liberté ! Liberté !», «Le peuple veut la traduction en justice du boucher !», répétaient les manifestants qui s'étaient ébranlés de la place du Changement, épicentre de la contestation à Sanaa, où des jeunes réclamant le départ de M. Saleh campent depuis huit mois. L'un des meneurs de la manifestation, qui se trouvait sur une camionnette à l'avant du cortège et répétait des slogans dans un haut-parleur, a été tué d'une balle à la tête. Dix-sept autres manifestants ont été blessés et la manifestation s'est dispersée. A Taëz (270 km au sud-ouest de Sanaa), trois hommes, dont deux combattants tribaux, ont été tués lors d'affrontements entre des tribus hostiles à M. Saleh et les forces militaires qui lui sont fidèles, selon des sources tribales et médicales. Quatre personnes ont en outre été blessées lorsqu'un obus a touché leur voiture dans le centre de Taëz, qui a été bombardé par l'armée, selon des témoins. La garde républicaine, commandée par Ahmed, fils aîné de M. Saleh, a renforcé ses positions dans cette ville, l'une des premières à s'être soulevées contre le chef de l'Etat en janvier, et déployé des armes lourdes sur les collines entourant Taëz, selon des habitants. A New York, le Conseil de sécurité des Nations unies a appelé, samedi soir, toutes les parties à «rejeter la violence, y compris contre des civils pacifiques et désarmés» et a demandé un «processus de transition démocratique». Les Etats-Unis ont également appelé le Yémen à mettre en place «immédiatement» la transition vers la démocratie.