Le président contesté du Yémen Ali Abdallah Saleh a regagné son pays hier après une absence de trois mois, et appelé aussitôt à une trêve dans les combats sanglants entre ses partisans et les opposants qui secouent Sanaa depuis six jours. «Le président appelle toutes les parties politiques et militaires à un cessez-le-feu», a rapporté l'agence Saba. Pour le chef de l'Etat, «il n'y a point d'autre solution que le dialogue et les négociations pour arrêter l'effusion du sang et parvenir à un règlement». Selon l'agence, le chef de l'Etat prononcera «un important discours à l'adresse du peuple à l'occasion du 49e anniversaire de la révolution du 26 septembre», probablement dimanche. Confronté depuis janvier à une révolte dans la rue, M. Saleh, accusé de corruption et de népotisme, est revenu d'Arabie saoudite où il avait été hospitalisé après des blessures reçues lors d'une attaque contre son palais à Sanaa le 3 juin. A l'annonce de son retour surprise par la télévision d'Etat, des tirs de joie ont été entendus dans les quartiers du sud de la capitale, contrôlés par les brigades de l'armée qui lui sont restées fidèles. Au même moment, les forces pro-Saleh tiraient des obus sur le quartier Al-Hassaba (nord), où les hommes du puissant chef tribal Sadek al-Ahmar, rallié à la contestation, étaient engagés dans des combats contre ceux d'un dignitaire tribal fidèle à M. Saleh, Saghir ben Aziz, selon des sources tribales. Des affrontements avaient lieu dans d'autres quartiers de la capitale, selon des témoins, après des violences nocturnes qui ont fait six morts, quatre à Al-Hassaba et deux sur la place du Changement, épicentre de la contestation où campent les protestataires, selon des sources médicale et tribale. Au total, 16 personnes ont péri jeudi à Sanaa, alors que 2 hommes de cheikh al-Ahmar ont été tués et 23 autres blessés par des tirs d'obus sur Al-Hassaba, hier a indiqué une source tribale.Cela porte à 103 le bilan des morts depuis le regain des violences dimanche, selon des sources médicales et proches des belligérants. Au pouvoir depuis 33 ans, M. Saleh a refusé jusqu'ici de céder en signant un plan de sortie de crise élaboré par les monarchies arabes du Golfe, malgré les pressions internationales.