L'aggravation ultérieure de la crise en Syrie pourrait déstabiliser le Liban et plonger dans le chaos l'ensemble de la région, a déclaré hier le premier ministre libanais Najib Mikati dans une interview au Wall Street Journal. «N'importe quelle explosion de la situation en Syrie aboutirait à celle de la région, et le Liban se trouve dans une situation très difficile», a indiqué M.Mikati. Selon les analystes, l'escalade de la violence en Syrie qui menace de dégénérer en guerre civile en cas de chute du régime de Bachar al-Assad peut s'étendre au Liban voisin, dont la scène politique est divisée en sympathisants et adversaires du régime en place à Damas. Depuis le début des manifestations antigouvernementales en Syrie, les représentants de ces deux camps libanais adverses se sont déjà plus d'une fois confrontés dans les rues. Aussi, a indiqué M.Mikati, le Liban est-il très prudent dans le choix de sa position face aux événements en Syrie, n'importe quelle prise se position pouvant perturber la stabilité précaire dans le pays. Quant à l'évolution de la crise syrienne, le premier ministre libanais a supposé qu'elle serait longue et imprévisible. La Syrie est secouée par un mouvement de contestation du régime de Bachar al-Assad depuis plus de six mois. Selon les données de l'Onu, la répression de la révolte populaire par les forces de sécurité aurait fait plus de 2700 morts. Damas dément ce chiffre et affirme que près de 800 militaires et policiers ont été tués par des «éléments terroristes armés» et évalue à 1500 le nombre des victimes des deux côtés. L'opposition réclame la démission du président Assad et des transformations politiques. Six mois après le début des troubles, le Conseil de sécurité de l'ONU n'arrive toujours pas à s'accorder sur une résolution appelant à la fin de la violence dans le pays. Les pays européens avaient pourtant revu à la baisse leur texte initial, évoquant uniquement des menaces de sanctions contre Damas en lieu et place de mesures punitives immédiates. Mais ils se sont encore heurtés au refus de la Russie et de la Chine, qui ont rejeté toute idée de sanction à l'encontre de leur indéfectible allié. L'ambassadeur syrien à Washington convoqué Le département d'Etat a convoqué l'ambassadeur syrien à Washington pour protester contre l'agression contre l'ambassadeur américain à Damas, a annoncé la porte-parole du département d'Etat Victoria Nuland lors d'un point de presse régulier. «Il a été rappelé que l'ambassadeur Ford est le représentant personnel du président et qu'une attaque contre M. Ford est une attaque contre les Etats-Unis», a indiqué Mme Luland. Selon des informations, l'ambassadeur des Etats-Unis à Damas Robert Ford a été houspillé jeudi par des manifestants pro-régime à Damas lors de sa visite à un opposant syrien. Le diplomate américain a pu quitter la scène grâce à une intervention de la force de sécurité syrienne. Par ailleurs, le président de la Commission d'enquête indépendante du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, Paulo Sergio Pinheiro, a indiqué que les autorités syriennes n'ont pas encore répondu à la demande de visite. Il a déclaré qu'il avait pris des contacts avec des ambassadeurs à Genève et qu'il avait établi le programme pour les six semaines à venir. Au terme de ce laps de temps, la commission d'enquête indépendante devra rendre son rapport vers la fin novembre et sa présentation finale aura lieu au mois de mars 2012 lors de la réunion du Conseil des droits de l'homme. Le 7 octobre prochain, une délégation syrienne sera à Genève pour l'examen périodique universel des droits de l'homme en Syrie. «C'est une bonne coïncidence», a dit Paulo Pinheiro, ajoutant : «Et je vais les attendre pour plaider notre cause».