Najib Mikati, un ex-dirigeant soutenu par le camp du puissant Hezbollah, a été désigné hier Premier ministre libanais en vertu d'un décret présidentiel et a tout de suite après tendu la main à toutes les parties. Cette nomination «n'est pas une victoire d'un camp contre l'autre, c'est la victoire de la réconciliation aux dépens des divergences», a déclaré M. Mikati à la presse à l'issue de sa rencontre avec le président de la République, qui a publié le décret «Rien ne justifie qu'une partie refuse de participer» au futur gouvernement, a-t-il indiqué, soulignant : «Je tends la main à toutes les parties». Des milliers de personnes avaient manifesté, hier au Liban, parfois violemment, contre le remplacement de Saad Hariri par Najib Mikati, une nomination qui permet au Hezbollah d'avoir davantage de pouvoir politique. La majorité des députés ont appuyé Najib Mikati, selon un décompte établi à partir des annonces publiques des parlementaires. Najib Mikati est un ancien allié de Saad Hariri. Ce décompte donnait que 68 des 128 députés ont choisi Najib Mikati, 55 ans, sunnite et ancien Premier ministre qui entretient de bonnes relations avec la Syrie, contre 60 à Saad Hariri, considéré pourtant comme le leader le plus populaire de la communauté sunnite au Liban. Selon le système confessionnel de partage de pouvoir au Liban, le poste de Premier ministre est réservé à la communauté musulmane sunnite, dont Najib Hariri est le leader le plus populaire. La coalition de Saad Hariri avait le contrôle du Parlement, mais avec le groupe de Najib Mikati et celui du leader druze Walid Joumblatt se rangeant désormais aux côtés du Hezbollah, son camp a perdu de facto la majorité parlementaire. Cette tendance avait provoqué la colère notamment des sunnites du pays qui y voient une tentative du Hezbollah chiite d'imposer sa volonté au Liban plongé dans une grave crise politique liée à l'acte d'accusation du tribunal de l'ONU sur le meurtre de Rafic Hariri. Des manifestations, parfois violentes, étaient organisées mardi à travers le pays en soutien à Saad Hariri qui a dénoncé les actes de violences.