Najib Mikati, un ex-dirigeant milliardaire soutenu par le camp du Hezbollah, a été désigné, hier, premier ministre libanais en vertu d'un décret du président libanais Michel Sleimane. M. Mikati a annoncé qu'il entamerait jeudi ses consultations et a tendu la main à tous les groupes politiques libanais. La majorité des députés libanais ont appuyé sa candidature appuyée par le mouvement Hezbollah, pour remplacer Saad Hariri au poste de premier ministre. M. Mikati a été premier ministre pendant quelques mois en 2005. Sa nomination prévue a provoqué la colère notamment des sunnites du pays qui y voient une tentative du Hezbollah chiite d'imposer sa volonté au Liban plongé dans une grave crise politique liée à l'acte d'accusation du tribunal de l'ONU sur le meurtre de Rafic Hariri. Des milliers de personnes ont manifesté, pour apporter leur soutien au premier ministre en exercice, Saad Hariri. Cette nomination "n'est pas une victoire d'un camp contre l'autre (…) c'est la victoire de la réconciliation aux dépens des divergences", a déclaré M. Mikati devant la presse à l'issue de sa rencontre avec le président de la République, qui a publié le décret. "Rien ne justifie qu'une partie refuse de participer" au futur gouvernement, a-t-il indiqué. "Je tends la main à toutes les parties", a-t-il ajouté. Le camp de Saad Hariri a affirmé d'ores et déjà fait savoir qu'il boycottera tout cabinet dirigé par un candidat soutenu par le Hezbollah. Des milliers de personnes ont manifesté mardi au Liban, parfois violemment, contre le remplacement de Saad Hariri. L'armée était déployée en force pour cette "Journée de colère" durant laquelle les protestataires ont attaqué une voiture de la chaîne Al-Jazira et brûlé des pneus et coupé des routes notamment à Beyrouth. Ces actes de violence ont été dénoncés par M. Hariri, Premier ministre en exercice et fils de l'ex-chef de gouvernement assassiné en 2005 Rafic Hariri. Ex-allié de Saad Hariri, M. Mikati, un milliardaire sunnite de 55 ans, a obtenu le soutien de la majorité des députés, dont celui du Hezbollah, le mouvement armé le plus puissant au Liban, provoquant la fureur des sunnites qui y voient un "coup d'Etat" de ce parti. Entretenant de bonnes relations avec la Syrie, ancienne puissance de tutelle, M. Mikati, qui selon le magazine Forbes, a une fortune estimée à 2,5 milliards de dollars, doit être officiellement désigné dans la journée par le président Michel Sleimane. La coalition de M. Hariri avait le contrôle du Parlement après les législatives de 2009, mais avec le changement de camp des alliés de M. Mikati et de ceux du leader druze Walid Joumblatt, c'est le camp du Hezbollah qui détient désormais de facto la majorité parlementaire. Le poste de Premier ministre est réservé par tradition à la communauté sunnite dans ce pays multiconfessionnel, plongé dans une grave crise politique liée à l'acte d'accusation du tribunal de l'ONU sur l'assassinat de Rafic Hariri.