Résolue à prendre part aux élections législatives de mai 2012, l'Union pour la démocratie et la République (UDR), le parti dont Amara Benyounès est le secrétaire général, travaille à lever la contrainte de l'absence depuis sept ans d'un agrément qui risque d'empêcher cette participation. A l'issue de sa session extraordinaire, tenue samedi 8 octobre au siège de l'UGTA à Alger, le conseil national de l'Union a en effet décidé d'organiser un congrès du parti. «La commission préparatoire du congrès a été installée», déclare M. Benyounès, qui était hier l'invité du forum du quotidien arabophone Waqt El Djazaïr. Avant le congrès national, précise-t-il, les militants organiseront trois rencontres régionales. La première aura lieu à Constantine le 19 novembre, la deuxième à Oran le 26 novembre et la dernière à Alger le 3 décembre. «Si le ministère de l'Intérieur nous donne l'agrément, nous irons vers un congrès extraordinaire ; dans le cas contraire, nous organiserons un congrès constitutif», explique le secrétaire général. Dans une déclaration publiée dimanche dans la presse, le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, a déclaré que l'agrément de nouveaux partis interviendrait avant la fin de l'année en cours, «indépendamment du vote de la nouvelle loi organique relative aux partis politiques». Autrement dit, si l'Assemblée nationale populaire (APN) n'entérine pas ce nouveau texte dans les meilleurs délais possibles, Ould Kablia appliquerait la loi en vigueur, ce que lui et son prédécesseur Noureddine Yazid Zerhouni ont pourtant refusé de faire auparavant, prétextant l'état d'urgence. Le nouveau texte devant régir les partis est sur le bureau du président de l'APN depuis la fin septembre. Son examen par les députés n'a pas été programmé en ce mois-ci, suscitant ainsi la colère de M. Ould Kablia auquel le président de la République avait confié la mission d'élaborer le nouvel arsenal juridique dans le sillage des réformes politiques annoncées en avril dernier. Selon son ordre du jour, l'APN, contrôlée par les partis de l'Alliance présidentielle (FLN, RND, MSP) qui soutiennent le programme du chef de l'Etat, votera le projet de loi de finances pour 2012 (30 octobre), le projet de loi organique relative au régime électoral (2 novembre), le projet de loi organique fixant les modalités d'élargissement de la représentation des femmes dans les assemblées élues (3 novembre) et le projet de loi organique fixant les cas d'incompatibilité avec le mandat parlementaire à la même date. Il faudra donc attendre l'ordre du jour de novembre-décembre de l'assemblée pour voir plus clair. M. Ould Kablia soupçonne des parties qu'il ne nomme pas de favoriser le blocage au niveau de la chambre basse du Parlement de la nouvelle loi sur les partis afin d'aller aux prochaines élections législatives avec l'actuelle composante de la scène politique. Ainsi, en programmant ses rencontres régionales durant les deux prochains mois, l'UDR se donne le temps de connaître le résultat de ce bras de fer qui ne dit pas son nom et qui oppose le ministère de l'Intérieur aux membres de la coalition présidentielle sur la question de l'agrément de nouvelles formations politiques. «Il y aura à l'occasion des prochaines élections législatives un chamboulement total et un renouvellement total de la classe politique si on agrée de nouveaux partis», prédit l'invité du forum de Waqt El Djazaïr. Cet ancien cadre du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) soutient la politique du président de la République officiellement depuis la naissance de l'UDR en juillet 2004. Dans le cadre des réformes en cours, «l'Alliance est un problème pour le président», estime M. Benyounès. Selon lui, Abdelaziz Bouteflika pourrait la lâcher à l'occasion des législatives au profit d'une autre.