Les élections législatives de 2012 focalisent l'attention de tous les partis politiques, même ceux auxquels le ministère de l'Intérieur a refusé l'agrément. C'est le cas de la formation présidée par Amara Benyounès, l'Union pour la démocratie et la république (UDR) qui attend une reconnaissance officielle depuis juillet 2004. «La participation aux prochaines élections législatives est notre principal objectif», a annoncé, hier, M. Benyounès à l'occasion d'une session extraordinaire du conseil national du parti, tenue au siège de l'UGTA à Alger. Les membres du conseil devaient débattre, hier après-midi, des modalités de cette participation. Cette rencontre a été toutefois une occasion pour le secrétaire général de rendre publiques les positions de l'Union sur plusieurs sujets d'actualité. Il se prononce d'abord sur les «réformes politiques» annoncées par le président de la République en avril dernier. Sans faire de remarques sur la démarche du chef de l'Etat, il observe que dans la commission de consultation chapeautée par Abdelkader Bensalah, «il n'y a pas eu de représentant du camp démocratique». Pour lui, M. Bensalah était le représentant du courant nationaliste, le général major Mohamed Touati celui de l'armée et Mohamed Ali Boughazi, conseiller à la présidence, celui du courant islamiste. Avec cette commission, l'opinion publique a assisté à un «défilé de personnalités» dont certaines ont quitté la scène depuis des années. «Il n'y a pas eu de débat public sur les réformes et on n'a pas vu le rapport de la commission Bensalah», note-t-il. L'orateur critique aussi ce qu'il appelle le calendrier des «réformes». «Huit mois après les émeutes de janvier, aucune nouvelle loi n'a été adoptée. Il y a eu une perte de temps énorme», estime-t-il. La démission des ministres : «c'est impensable !» Autre sujet d'actualité : la révision du code électoral, actuellement en débat à l'Assemblée populaire nationale (APN). A la chambre basse du parlement, les discussions tournent essentiellement autour de trois points : le nomadisme politique, les cas d'incompatibilité avec le mandat parlementaire et le quota d'un tiers pour les femmes dans les listes électorales. Pour le secrétaire général de l'UDR, le «nomadisme politique» est aux partis ce que le symptôme est pour la maladie : un signe d'alerte. «Les partis politiques s'endorment pendant cinq ans et à l'approche des élections, ils ouvrent leurs portes au premier venu. Quand ces personnes entrent au Parlement, elles se défont de leur filiation politique qui devient ainsi inutile. Le député n'a de compte à rendre qu'aux électeurs qui ont voté pour lui. C'est l'absence de démocratie dans les partis qui est à l'origine de ce phénomène», explique cet ancien député (1997-2002) du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). S'exprimant sur le projet de loi relatif aux cas d'incompatibilité du mandat parlementaire, l'ancien ministre de la Santé qualifie de «très grave»la condition qui serait faite aux membres du gouvernement de démissionner de leur poste trois mois avant les élections s'ils veulent se porter candidats aux législatives. «Les gens qui ont formulé cette condition, soient ils n'ont rien compris au système démocratique, soient ils visent autre chose», accuse-t-il. Exiger des ministres de démissionner pour se porter candidats à la députation, c'est prendre le risque de laisser le pays sans gouvernement pendant trois mois. «C'est impensable !» s'emporte-t-il. Concernant le mode de scrutin, colonne vertébrale de toute élection, l'UDR milite pour la proportionnelle nationale, alors que dans le nouveau code électoral, c'est la proportionnelle par wilaya qui a été retenue, «la méthode la moins mauvaise des systèmes», selon M. Benyounès. Quant à la surveillance du processus électoral et la lutte contre la fraude, il estime qu'il n'existe qu'«une seule parade : que les partis décident d'un commun accord de surveiller eux-mêmes les centres et les bureaux de vote». «Pour surveiller tous les bureaux de vote, il faut un minimum de 60 000 militants. Il n'existe aucun parti politique qui dispose de ce nombre de militants à travers tout le territoire national», explique l'ex-membre du comité de campagne de Abdelaziz Bouteflika à la présidentielle d'avril 2009. A propos du quota d'un tiers à réserver aux femmes dans les listes électorales, le premier responsable de l'UDR rejette les arguments des partis qui critiquent cette disposition sous prétexte que des pesanteurs d'ordre social vont à l'encontre de ce projet lancé par le président de la République. «Ces partis refusent ce quota parce que l'arrivée des femmes aux postes de responsabilité va leur poser des problèmes. Il est clair que les femmes sont moins corrompues que les hommes», analyse-t-il. M. Benyounès sermonne les partis mais aussi le chef de l'Etat qui a décidé de cette mesure dans le but de renforcer la présence des femmes dans les institutions élues. «Si la volonté d'émanciper la femme est réelle, je demande fraternellement au président de la République d'abroger d'abord le code de la famille», lance l'orateur. De plus, selon lui, toute émancipation de la femme dans les structures élues passe nécessairement par le renforcement de sa présence dans les institutions désignées comme le circuit diplomatique, le gouvernement et l'administration publique, là où s'exerce le pouvoir.