Depuis le 9 octobre dernier, la laiterie de Drâa Ben Khedda (ex-Onalait), à 10 km à l'ouest de Tizi Ouzou, est paralysée. Les travailleurs ont déclenché un mouvement de grève pour une durée illimitée et exigent la renationalisation de leur entreprise, privatisée depuis trois ans. Les travailleurs protestataires de cette entreprise, principale productrice du lait en sachet dans la wilaya de Tizi Ouzou, dénoncent les multiples problèmes socioprofessionnels qui les guettent depuis plusieurs mois, ainsi que la dégradation de leurs conditions de travail. «Le cadre socioprofessionnel du personnel se dégrade de plus en plus et aucun responsable n'a bougé le petit doigt pour améliorer notre situation. Nous voulons sauver notre entreprise, car au rythme où évoluent les choses, nous nous acheminons droit vers sa fermeture et allons nous retrouver au chômage», nous a déclaré un des initiateurs de ce mouvement qui semble loin de connaître son épilogue. Les 360 salariés de cette laiterie ne savent plus, en fait, à quel saint se vouer. Ils craignent sérieusement pour leur avenir, nombre d'entre eux sont des pères de famille. Ils estiment que la privatisation de la laiterie de Drâa Ben Khedda est une grave erreur qui a porté un énorme préjudice à son fonctionnement et surtout sa production, tant en qualité, qu'en quantité. La fermeture de cette unité qui, faut-il le signaler, couvre plus de la moitié de la demande locale, risque de perdurer, les grévistes étant plus que jamais déterminés à poursuivre leur mouvement. A Tizi Ouzou, la pénurie de lait en sachet commence à se faire sentir dans plusieurs localités. Il est presque impossible de trouver un sachet de lait après 9 h à la nouvelle ville de Tizi Ouzou, par exemple. Dans une déclaration rendue publique, hier et signée par la section locale de l'UGTA, les travailleurs ont dénoncé les pressions de leurs responsables. «Pour avoir exprimé leur souhait de voir la laiterie reprise par l'Etat, les travailleurs ont subi des pressions et des intimidations, et particulièrement ceux qui ont pris la parole durant la dernière assemblée générale», peut-on lire dans la déclaration. La reprise de l'entreprise par l'Etat, seule issue viable, selon le PT Le PT n'est pas resté insensible à ce débrayage. Dans un communiqué rendu public hier, la parti de Louisa Hanoune a apporté son soutien indéfectible aux travailleurs. «Nous sommes en train de suivre avec attention le développement de la situation au sein de la laiterie de Drâa Ben Khedda, où l'ensemble des travailleurs observent une grève avec comme principale revendication, la reprise de l'entreprise par l'Etat. Nous considérons que cette revendication est juste et légitime et constitue la sauvegarde et la pérennité de l'entreprise», indique le Parti des travailleurs, qui fait rappeler aussi que «l'entreprise a été bradée pour la modique somme de 80 milliards de centimes, alors que durant le dernier exercice qui a précédé la privatisation, elle a réalisé des bénéfices évalués à 40 milliards de centimes. Le nouveau propriétaire de l'entreprise n'a pas respecté le cahier des charges, notamment le volet création d'emplois et celui du renouvellement de l'outil de production». Le PT reproche aussi au propriétaire privé de la laiterie son comportement arrogant envers les travailleurs. «Le nouveau patron fait régner un climat de tension sociale permanent au sein de l'entreprise, conséquemment au harcèlement des travailleurs sommés d'améliorer la productivité sans contrepartie», accusent les militants de Louisa.