La Ligue arabe a clôturé, dimanche soir, sa réunion extraordinaire par la formation d'un comité ministériel ayant pour tâche d'entrer en contact avec la direction et l'opposition syriennes en prélude à la tenue d'une conférence de dialogue national global au siège de la Ligue dans un délai de quinze jours. Cette initiative devrait permettre aux Syriens d'entamer un dialogue national serein, emprunt de respect et visant à engager le pays sur la bonne voie. Damas n'a pas rejeté la proposition, mais a exprimé des réserves quant au choix du Qatar à la tête de la commission. L'émir du Qatar cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani, qui avait salué la création du Conseil national syrien et conseillé à l'Etat syrien de discuter avec cette coalition, a suscité la colère des responsables et du peuple syriens. Le traitement médiatique de la situation politique syrienne par la chaîne El Jazeera, propriété de l'Etat du Qatar, a également provoqué la déception de la Syrie. La Ligue arabe a appelé à la tenue d'une «conférence de dialogue national», d'ici quinze jours, au Caire entre le gouvernement syrien et l'opposition, pour mettre fin aux violences et «éviter une intervention étrangère». L'organisation panarabe a décidé de «lancer les contacts nécessaires avec le gouvernement syrien et l'ensemble des factions de l'opposition pour tenir une conférence de dialogue national global au siège de la Ligue arabe, et sous son égide, d'ici quinze jours», a indiqué le ministre qatari des Affaires étrangères, cheikh Hamad ben Jassem, qui lisait la résolution adoptée par la Ligue. Cette conférence aura pour objectif de «réaliser les aspirations légitimes du peuple syrien et le changement souhaité», de «mettre fin à la violence» et «d'éviter une intervention étrangère». La Ligue arabe a également décidé de former une commission ministérielle présidée par le Qatar et comprenant les ministres des Affaires étrangères d'Algérie, du Soudan, du sultanat d'Oman, d'Egypte ainsi que le secrétaire général Nabil Al Arabi, pour «contacter les dirigeants syriens afin de mettre fin à tous les actes de violence». Lors de la réunion, l'ambassadeur syrien Youssef Ahmed, délégué permanent de la Syrie auprès de la Ligue arabe, a exprimé la réserve de Damas quant à la décision prise par le Conseil de la Ligue de confier la présidence de la Ligue au Premier Ministre, ministre qatari des Affaires étrangères, évoquant des considérations essentielles concernant «le rôle partial et négatif du Qatar aux niveaux politique et médiatique vis-à-vis des événements en cours en Syrie qui verse dans l'escalade et l'incitation contre la Syrie, dans une tentative de déformer la réalité de ce qui se déroule in situ». La Syrie tient à l'application des réformes Dans une allocution prononcée devant le Conseil, et à propos de la réserve de la Syrie quant à l'inclusion dans la décision du Conseil d'un appel à un dialogue global au siège de la Ligue arabe, l'ambassadeur Ahmad a affirmé que la Syrie est un pays indépendant et souverain dirigé par une autorité légitime capable de gérer ses affaires et veiller à sa sécurité et à celle de ses citoyens et que tout dialogue national ne pourrait se tenir que sur le terrain syrien et avec la participation de toutes les catégories de la société, en présence de la Ligue arabe suivant des garanties et des mécanisme globaux convenus. L'ambassadeur Ahmed a affirmé que la Syrie ne renoncera jamais à sa position arabe et régionale comme facteur de sécurité et de stabilité dans la région ni à ses positions et à son rôle essentiel dans la gestion de l'action arabe commune et de la défense des causes du sort et des droits arabes. L'ambassadeur Youssef Ahmed a, en outre, rappelé que le président Bachar Al Assad a promulgué la décision présidentielle n° 33 qui stipule la formation d'une commission nationale pour élaborer la nouvelle Constitution de la République arabe syrienne. M. Ahmad, qui a prononcé l'allocution de la Syrie devant la réunion extraordinaire du Conseil de la Ligue arabe, a expliqué que la conjoncture sécuritaire tend actuellement, d'une manière pratique, vers le calme et la stabilité, ce qui aidera à l'établissement du climat propice pour pousser en avant l'application des lois, des décrets et des mesures. Devant cette situation, l'Etat syrien devra engager un véritable dialogue avec la classe politique, autoriser la création de partis politiques et organiser des élections législatives, communales et présidentielles anticipés. C'est la seule issue à cette crise. Le peuple syrien cultivé et civilisé donnera le meilleur exemple au monde entier en matière de démocratie, sachant que Damas avait choisi la laïcité et le système républicain depuis des décennies. La création de partis politiques nationalistes, islamistes et démocratiques apportera bien au contraire une autre dimension à ce pays, qui reste d'ailleurs le seul à ne pas souffrir de l'endettement extérieur malgré le manque de ressources naturelles financières.