La Ligue arabe a signifié l'échec de sa mission à Beyrouth, consistant à convaincre le pouvoir, soutenu par les Occidentaux, et l'opposition, alliée de la Syrie et de l'Iran, à renouer le dialogue interlibanais. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, à la tête d'une délégation arabe, a reconnu, vendredi à Beyrouth, à l'issue d'une médiation de quatre jours, qu'il n'avait obtenu aucun accord sur la relance du dialogue interlibanais et que des démarches auprès de la Syrie et de l'Iran se poursuivaient. Alors que la proposition du secrétaire général de la Ligue arabe de renouer le dialogue faisait son chemin, l'opposition a exigé la formation d'un gouvernement d'union sans conditions, refusant de donner les garanties demandées par le pouvoir sur la pérennité de ce gouvernement et la tenue de l'élection présidentielle, le 25 septembre prochain, pour remplacer le président Emile Lahoud accusé par le gouvernement de pro-syrien. La délégation arabe, formée de l'Arabie Saoudite, de l'Egypte, du Qatar et de la Tunisie, voulait obtenir une percée au Liban pour limiter les interventions extérieures. Son échec fait que le Liban est devenu totalement une monnaie d'échange entre les mains des puissances étrangères. Le président du Parlement, le chiite Nabih Berri, mandaté pour parler au nom de l'opposition, a souligné le rôle incontournable de la Syrie. Le gouvernement a rejeté sur la Syrie la responsabilité de l'échec de la médiation arabe. Pour la ministre des Affaires sociales, Nayla Moawad, une proche de Hariri, “les instructions syriennes ont provoqué la volte-face de l'opposition”. “C'est une gifle syrienne aux Arabes. La Syrie fait savoir que sans elle, il n'y aura pas de stabilité au Liban”, a renchéri son collègue de la Communication, Marwan Hamadé, citant à l'appui des propos du vice-président syrien, Farouk al-Chareh, qui aurait dit à des journalistes : “Nos alliés au Liban sont plus puissants et, sans un gouvernement d'union nationale, il n'y aura pas de stabilité dans ce pays.” Le gouvernement libanais se tourne vers l'Arabie Saoudite et la France pour obtenir de la part des Iraniens un assouplissement de la position du Hezbollah. Sarkozy a proposé d'accueillir à la mi-juillet une réunion informelle des forces politiques libanaises. L'Arabie Saoudite et l'Iran ont appuyé cette initiative. D. Bouatta