Les travailleurs grévistes de la laiterie de Draâ Ben Khedda ont tenu hier un sit-in devant le siège de la wilaya de Tizi Ouzou, pour réitérer leurs revendications et dénoncer «les dépassements du patron de l'unité». Ils étaient environ une centaine à se rassembler dès les premières heures de pointe devant le siège de la wilaya portant le nom de Aïssat- Rabah, munis de banderoles sur lesquelles on pouvait lire : «Pour la reprise de l'entreprise par l'Etat» et «Halte au bradage de l'entreprise». Les protestataires exigent une commission d'enquête qui sera diligentée par l'Inspection générale des finances (IGF) pour relever les anomalies que connaît la laiterie depuis sa privatisation». Cette action de protestation intervient au lendemain de la notification par huissier de justice de 17 licenciements parmi les grévistes. L'ensemble des employés a été destinataire également de mises en demeures adressées par leur patron, les sommant de reprendre le travail avant le 2 novembre. Faute de quoi, ils seront licenciés. Les travailleurs sont déterminés à aller jusqu'au bout du bras de fer. «C'est avec beaucoup d'amertume que nous nous adressons à l'opinion nationale afin de lui faire part de notre désarroi face à la situation qu'endure notre entreprise depuis sa privatisation», lit-on dans une déclaration rendue publique par les travailleurs qui se reconnaissent dans un collectif. Ce document se veut une réponse claire au communiqué diffusé la semaine dernière par l'administration de la laiterie, qui a énuméré un certain nombre de points relatifs au «bon fonctionnement» et «performances» réalisées depuis la privatisation de l'usine. Le collectif estime que le patron n'a réalisé aucune avancée sur le plan de l'emploi. «Il s'agissait en réalité de simples remplacements. Il n'a pas hésité à mettre fin à la carrière de certains travailleurs pour ensuite les recruter une deuxième fois pour gonfler le chiffre de recrutement», lit-on dans la déclaration. Le nombre du personnel qui est de 339 n'a pas changé, explique-t-on. Accusant le propriétaire de «tricherie», le document du collectif fait état d'anomalies dans le mouvement des stocks. Ils accusent l'acquéreur de vendre des milliers de litres de lait sans les facturer. «3,7 millions de litres de lait pasteurisé et 541 965 litres de lait cru», c'est les chiffres avancés rien que pour l'an dernier. Ces quantités ont été vendues en dehors des lois. Pour ce qui est de la qualité du lait, le collectif accuse le patron de l'unité de production de mélanger une poudre de lait impropre importée avec celle approvisionnée par l'ONIL pour tromper la vigilance des contrôleurs. A propos des investissements, le collectif précise «qu'il ne s'agit que de vieilles machines obsolètes datant des années 80 importées du Maroc à des prix exorbitants ainsi que de camions frigorifiques qu'il a achetés à des tierces personnes. Le but est «de parvenir à gonfler le chiffre des investissements pour bénéficier des amortissements». Les protestataires ont été reçus par le premier magistrat de la wilaya, Abdelkader Bouazghi. L'issue de la rencontre demeure inconnue, mais d'après nos sources, le wali aurait promis d'essayer de désamorcer la crise.