Les travailleurs de Cotitex de Draâ Ben Khedda sont, une nouvelle fois, dans la rue et ont bloqué la RN12 durant une partie de la matinée. Les 200 travailleurs environ ont manifesté leur colère devant le non-versement du salaire du mois de septembre, d'autres disent n'avoir reçu, fin août, que 3000DA, «de quoi passer un bon Ramadhan» ironise un travailleur. Ils étaient donc là, assis à même la chaussée, en brandissant des banderoles sur lesquelles étaient portées leurs revendications. Des revendications qui se limitaient à la demande des salaires. Une fois la circulation coupée entre Tizi Ouzou et Alger, les autorités locales se sont portées au-devant de ces travailleurs et ont essayé de dialoguer avec eux. Un dialogue des plus difficiles aussi bien pour les autorités locales, chef de daïra, président de l'APC, responsables de la police que pour les travailleurs. Un dialogue difficile quand on sait que ces travailleurs ne demandaient, en fait, que leur maigre dû afin de se sustenter et sustenter leurs familles, car dire faire vivre semble, dans ce cas précis, un bien grand mot. Les autres travailleurs qui ne participaient pas à l'action étaient restés dans l'enceinte de l'unité et observaient la grève. Approché, le secrétaire à l'organique de l'unité industrielle, M.Riat Mohamed, devait expliquer que «ce sit-in et cette grève étaient décidés par les travailleurs seuls, devant la tournure des événements, la section syndicale ne pouvait qu'être à leurs côtés». M.Riat, qui est, rappelons-le, un travailleur comme les autres, devait ajouter: «Vous savez, l'unité qui comptait autrefois des milliers de travailleurs n'emploie plus aujourd'hui que 1 031. Les approvisionnements se font rares et l'unité ne produit plus que ce que l'on appelle le tissu lourd, autrement dit le tissu nécessaire pour l'ANP et les forces de police. Les importations frauduleuses ont tué ce secteur. Les gens préfèrent un tissu venu d'ailleurs car ils n'ont pas conscience de la gravité de ce fait». D'autres travailleurs ajoutent que «la banque, qui devait virer les salaires, a mis du retard, aussi aujourd'hui, les responsables venus nous voir nous ont promis leur aide si l'on doit encore croire les promesses, le problème serait en voie d'être réglé, mais quand le mois prochain?» Un autre travailleur intervient pour préciser: «Vous savez, les travailleurs ont demandé à la direction de venir négocier la fermeture de l'unité mais cette dernière a refusé. Aussi, nous sommes ni ouverts ni fermés.» Ce n'est pas la première fois que les travailleurs de Cotitex ont manifesté leur ire devant la situation plus que critique de l'entreprise. Hier, sur la RN12, la pauvreté des travailleurs était criante. Draâ Ben Khedda mérite un plan de sauvetage et rapidement. Les travailleurs et malgré leur misère ont compris les difficultés et ont été jusqu'à ravaler leur colère pour se disperser dans le calme après que les autorités locales leur aient promis leur aide. Il est urgent de tenir ses promesses et de faire en sorte que les choses se clarifient pour ces travailleurs.