Le Collectif autonome des médecins résidents algériens (CAMRA) a organisé, jeudi dernier, un impressionnant rassemblement devant le centre Pierre Marie Curie (CPMC) de l'hôpital Mustapha Pacha. Les médecins résidents dénoncent la mauvaise prise en charge de la pathologie du cancer, qui enregistre annuellement 44 000 nouveaux cas et une pénurie récurrente de médicaments. Une forte mobilisation a été enregistrée à cette manifestation à laquelle ont pris part des personnes atteintes du cancer en plein désarroi, des associations d'aide aux malades, leurs familles, ainsi que les travailleurs du secteur de la santé publique, qui ont rejoint les rangs des contestataires en guise de solidarité et de soutien. Une situation des plus dramatiques, commenteront les commerçants du quartier, qui eux aussi ont tenu à se mobiliser pour la cause de cette couche vulnérable de la société. «Nous sommes souvent choqués par la façon dont sont traités ces malades. Ils repartent souvent bredouilles à cause de pannes de machines de mauvaise qualité», regrette un commerçant du coin, qui ajoute que «des milliards sont dépensés pour ce secteur, selon les déclarations, mais aucun résultat n'est constaté. Des milliers de malades meurent annuellement». Brandissant des banderoles et affiches sur lesquelles on pouvait lire «radiothérapie en panne, rendez-vous pour juin 2012, je serai déjà mort», «Chaab yourid dawa lilmarda», les blouses blanches ont dénoncé la «situation des malades qui se dégrade de jour en jour en l'absence d'une vraie politique de santé». Rencontré sur les lieux, le Dr Sid Ali Merouane a précisé que le médecin est souvent confronté à une vraie frustration, car il ne peut rien apporter à ces malades désarmés. Rappelant les chiffres alarmants du nombre de malades enregistrés chaque année et les 3500 décès recensés annuellement parmi les femmes atteintes d'un cancer du sein, le même intervenant a appelé à une solution rapide et adéquate. A cet effet, une pétition est lancée par les présents. La sonnette d'alarme est tirée Un médecin radiothérapeute a tenu pour sa part à tirer la sonnette d'alarme.»Nous vivons un stress quotidien avec nos malades. Nous en avons ras-le-bol de compter les morts. Nous avons fait des études pour les sauver et nous nous retrouvons inutiles faute de médicaments et de moyens. Il enchaîne : «quand nous rassurons nos malades que le retard accusé dans les rendez-vous aux séances de radiothérapie ou de chimiothérapie ne sera d'aucune gravité pour eux, c'est comme si nous étions nous- mêmes complices de ce drame.» Mme Hamida Kettab, présidente de l'Association El-Amel d'aide aux personnes atteintes de cancer, qui continue à soulever ce problème depuis 1997, a souligné que «c'est une bonne initiative prise de la part des médecins, car ils sont en contact direct avec les malades, qui ne demandent qu'un droit à la vie». Elle estime que cet acte de solidarité pourra booster les pouvoirs publiques à prendre des décisions concrètes dans les délais, pour améliorer la situation de ces personnes alitées. Outre la bataille quotidienne que son association a fait sienne dans le but de sauver ces malades, elle a lancé depuis 2009 une campagne de sensibilisation et d'information à travers plusieurs wilayas du pays pour souligner l'importance du dépistage précoce. La caravane El Amel, qui a sillonné presque tout le territoire national, reprendra son chemin en novembre prochain. Des chiffres effarants sont mis en avant tous les jours. Plus de 50 personnes meurent tous les jours faute de traitement ou de panne des appareils de radiothérapie et de chimiothérapie. L'appel au sit-in a été lancé via le réseau social Facebook la semaine dernière par des médecins résidents qui se disent «scandalisés».