Les Saoudiens devaient faire allégeance samedi à leur nouveau prince héritier, Nayef Ben Abdel Aziz, présenté dans la presse comme l'homme de la situation et salué à Washington pour "son engagement" à combattre le terrorisme dans la première puissance pétrolière du monde. Le prince Nayef, qui a succédé comme héritier du trône à son frère Sultan, décédé la semaine dernière des suites d'une longue maladie, va recevoir dans l'après-midi dans un palais à Ryad l'allégeance de ses sujets, selon un communiqué publié par les médias officiels. Selon la tradition, la cérémonie est ouverte à tous les citoyens, qui défileront pour saluer le nouveau prince héritier. Dans le reste du pays, les Saoudiens sont appelés à faire acte d'allégeance dimanche devant les gouverneurs des provinces, postes occupés par des membres de la famille royale des Al-Saoud, ajoute le communiqué. La nomination jeudi du prince Nayef, 78 ans, comme prince héritier par un décret du cabinet royal, "a été une source de satisfaction pour tous les Saoudiens", écrit le quotidien Al-Watan, qui loue en lui les qualités d'un "homme d'Etat". Le prince Nayef, désigné également vice-Premier ministre et confirmé dans ses fonctions à la tête du ministère de l'Intérieur, qu'il dirige depuis 36 ans, "a, par son expérience sécuritaire et politique, bien mérité" de devenir l'héritier du trône, renchérit le quotidien Al-Riyadh. "Il est l'homme de la situation" car la conjoncture actuelle dans la péninsule et le monde arabe "nécessite des hommes expérimentés et déterminés", souligne Al-Jazira, un autre quotidien saoudien, dans son éditorial sous le titre "l'homme des missions difficiles". Le président américain, Barack Obama, s'est félicité du choix du prince Nayef comme futur dirigeant du royaume saoudien, l'un des grands alliés des Etats-Unis au Moyen-Orient. "Les Etats-Unis le connaissent et le respectent pour son engagement déterminé à combattre le terrorisme et à soutenir la paix et la sécurité dans la région. Les Etats-Unis se réjouissent de poursuivre (leur) partenariat étroit avec le prince héritier Nayef dans ses nouvelles fonctions", a écrit M. Obama dans un communiqué vendredi. Connu pour être un homme à poigne, le prince Nayef s'est imposé comme un rempart de la dynastie des Al-Saoud, supervisant la lutte contre Al-Qaïda mais sévissant aussi contre toute forme d'opposition. Il supervise également le hajj, le pèlerinage musulman à La Mecque, dont les rites pour cette année commencent la semaine prochaine. Sous sa conduite, le ministère de l'Intérieur a été confronté à la montée en puissance d'Al-Qaïda dans le royaume ensanglanté par une vague d'attentats entre 2003 et 2006. Il a sévi contre le réseau terroriste, obligeant ses chefs et ses membres à s'enfuir au Yémen, d'où ils continuent de menacer les intérêts saoudiens. Il a aussi démantelé les organisations caritatives qui collectaient les dons pour le réseau d'Oussama ben Laden, déchu de sa nationalité saoudienne. La succession s'est effectuée sans encombres, le roi Abddallah ayant fait son choix dont il a informé "le Conseil d'allégeance", un conseil restreint de la famille régnante des Al-Saoud, créé en 2006 pour une assurer une transition pacifique du pouvoir. Pour le journal Al-Riyadh, "la transition s'est faite sans complication", la décision du roi "ayant été en conformité avec la volonté collective" des membres du Conseil d'allégeance. En revanche, le portefeuille de la Défense, que le prince Sultan a occupé de 1962 jusqu'à sa mort, était toujours vacant samedi.