Le président du MSP, Bouguerra Soltani, n'a pas ménagé hier son partenaire de l'Alliance présidentielle, le FLN en l'occurrence, dont le secrétaire général Abdelaziz Belkhadem avait affirmé que sa formation est en mesure de «gouverner le pays». Soltani s'est également déclaré «insatisfait» quant à la conduite des réformes qui ne répond pas aux aspirations du président de la République. Une autre allusion au FLN qui a voulu «les vider de leurs substances». «Celui qui affirme pouvoir gouverner le pays tout seul est un menteur. L'Algérie est trop grande et trop lourde pour un seul parti», a tonné Bouguerra Soltani qui s'exprimait hier à l'ouverture d'une journée d'étude autour du premier novembre organisée à Alger par sa formation politique et inscrite sous le thème, «De la Libération à la construction». Pour lui, «l'Algérie a besoin d'une volonté politique derrière laquelle il y aura un courant, c'est-à-dire pas seulement un parti, car nul ne peut gouverner tout seul. c'est de l'arrogance que de dire ça», a-t-il encore martelé, affirmant qu'il soutiendra celui que les urnes auront désigné. La déclaration de Soltani est une preuve de plus que rien ne va plus au sein de l'Alliance présidentielle qui, jusque-là était «soudée» quand il s'agit de défendre le programme du président de la république. Les échéances électorales qui sont à nos portes ainsi que l'armada de réformes engagées par le chef de l'Etat ont fini par «déconstruire» ce qui reste de l'Alliance, en témoignent les nombreuses déclarations contradictoires de ses membres et les «guerres» qui se sont déclenchées à l'occasion. Bouguerra Soltani, qui évoque dans son discours «la bataille de la construction» après celle des martyrs «pour la liberté», allusion aux réformes du président qu'il dit soutenir car elles représentent à ses yeux «un gage de démocratie» se déclare non satisfait par la conduite du processus de ces réformes. «Nous attendons la fin du mois de novembre, lorsque l'ensemble des lois auront été avalisées par le parlement, pour nous positionner», a-t-il déclaré en marge de la rencontre, avant de préciser : «La conduite actuelle des réformes ne répond pas aux aspirations du président de la République». il dira dans le même contexte que son parti est favorable à l'amendement de l'article de la loi électorale relatif aux bureaux de vote. Si Soltani affiche ainsi son insatisfaction, c'est sans doute parce que le FLN, auquel il s'attaque sans le nommer, a été l'artisan à travers la commission des affaires juridiques et administratives de l'APN qu'il dirige, de beaucoup d'amendements ou de suppression d'articles contenus dans le projet de loi. Sur la représentation de la femme au sein des assemblées élues, le leader du MSP qui ne confirme pas son rejet du système des quotas s'est dit simplement «favorable à l'égalité des chances». Sur l'objet de la rencontre, Bouguerra Soltani évoquera l'écriture de l'histoire tout en se désolant que le peu d'écrits à ce propos ne sont que des «mémoires» de quelques témoins, alors que, regrette-t-il, «beaucoup d'autres témoins et acteurs disparaissent au fil des années». «L'image à laquelle nous renvoyait la déclaration de Novembre qui prévoyait les bases d'un Etat démocratique et social dans le cadre des principes de l'Islam, un maghreb des peuples et des relations bilatérales et multilatérales est aujourd'hui floue», regrettera encore l'orateur pour qui il faut aujourd'hui laisser de côté «l'esprit défaitiste» pour s'engager dans la voie des réformes et de la construction.