Les travailleurs de la laiterie de Draâ Ben Khedda (ex-Orlac) sont loin de décolérer. Ils sont en grève illimitée depuis le 9 octobre dernier pour réclamer la renationalisation de leur unité, privatisée, pour rappel, en 2009. Les protestataires déplorent aussi les mauvaises conditions de travail, la régression de la qualité du lait et d'autres problèmes socioprofessionnels. «Aucune amélioration, ni dans les conditions de travail ni dans la situation socioprofessionnelle des travailleurs n'a été enregistrée depuis sa privatisation en 2009. Pis encore, notre situation s'est détériorée davantage ces derniers mois. Notre entreprise risque de fermer ses portes au rythme où les choses évoluent. Nous craignons sérieusement pour l'avenir de notre entreprise», nous déclare l'un des grévistes. Les 260 grévistes, dont la majorité sont des pères de famille, qui entament leur deuxième mois de protestation, campent sur leur position et ne veulent rien entendre. Ils disent qu'ils sont prêts à aller jusqu'au bout de leur mouvement. Depuis le 9 octobre, les salariés de la laiterie de Draâ Ben Kadda ont entamé plusieurs autres actions de protestation. Ils ont à maintes fois observé un sit-in et des rassemblements devant le portail de la laiterie et des marches pacifiques, mais sans succès. Leur cri de détresse n'a pas, pour le moment, trouvé un écho auprès des autorités concernées. Ce mouvement de protestation, grandement médiatisé par la presse locale, a suscité même l'intention de quelques partis politiques. Ainsi, Louisa Hanoune, première secrétaire du Parti des travailleurs, et qui a fait de la revendication de la rationalisation des entreprises privées son cheval de bataille depuis des lustres, a organisé un meeting populaire à ce sujet dans la ville de Draâ Ben Kedda, le 15 octobre dernier, soit une semaine seulement après le déclenchement de la grève de la laiterie. «Je suis venue spécialement pour apporter mon soutien aux travailleurs grévistes qui réclament leurs droits les plus élémentaires», avait-elle déclaré. Elle avait vertement critiqué le propriétaire de la laiterie qu'elle accusera d'ailleurs, sans équivoque, d'être un «tricheur qui vend la poudre de lait et qui n'a pas respecté le cahier des charges en matière d'investissement dans l'outil de production». Le parti du FFS a également apporté son soutien indéfectible à la cause des travailleurs, dans une déclaration rendue publique dernièrement. De son côté, l'administration de la laiterie de Draâ Ben Khedda, qui couvre à elle seule plus de la moitié de la demande locale en matière de lait en sachet, faut-il le signaler, ne veut pas lâcher de lest. Pis encore, les responsables menacent les grévistes de licenciement définitif s'ils ne mettent pas fin à leur mouvement de protestation. Au rythme où évolue la situation, le bar de fer entre les protestataires et l'administration risque de perdurer encore dans le temps. Ce mouvement de protestation a engendré aussi une pénurie du lait en sachet à Tizi Ouzou. Les consommateurs sont contraints de se rabattre sur le lait en poudre qui coûte plus cher.