Les demandeurs de logements qui protestent contre la liste de bénéficiaires établie par les services de la daïra d'Aïn El-Turck ne décolèrent pas. Hier, ils étaient encore des dizaines à occuper les abords du siège de la daïra pour exiger l'annulation pure et simple «de cette liste de la honte qui n'a respecté aucun critère ouvrant droit au logement social soutenu par l'Etat», feront remarquer des protestataires. Ces derniers, qui se disent déterminés à poursuivre leur mouvement, ont fait part de leur crainte de se voir trahis par les responsables de la daïra, «qui comptent sur l'essoufflement de notre mouvement pour distribuer les logements et nous mettre devant le fait accompli. Nous avons introduit des recours étayés par des preuves formelles. Les responsables qui ont établi cette liste doivent payer, car leur geste est une pure provocation. Ils veulent mettre le feu aux poudres dans cette conjoncture sociale délicate. Ils auraient pu s'appuyer sur les comités de quartiers pour retenir les noms de bénéficiaires. Ici tout le monde connaît tout le monde, qu'ils ne viennent pas nous dire qu'ils ont agi dans la transparence», diront des citoyens rencontrés sur les lieux du rassemblement. Des sources parmi les protestataires parlent de menaces qu'auraient proférées à leur encontre des individus objet de recours. «Un voisin, membre de notre comité, a reçu la visite d'un groupe d'individus amenés par le videur d'un cabaret dont le nom figure sur la liste des bénéficiaires rendue publique par la daïra. Aujourd'hui il a peur. Nous lui avons conseillé de déposer plainte. Vous voyez où nous en sommes arrivés», dira notre interlocuteur. Toutefois, lors de notre rencontre avec la prétendue victime de ces menaces, elle réfutera les faits en mettant l'information sur le compte des rumeurs et de la manipulation. «C'est juste pour faire peur à ceux qui seraient tentés d'introduire d'autres recours», fera-t-elle remarquer. Par ailleurs, des sources de la wilaya ont affirmé qu'une commission a été installée pour étudier cette liste et éplucher au cas par cas les noms des bénéficiaires.» Elle aura également pour mission de vérifier les différents recours, et tous ceux qui n'ouvrent pas droit au logement social seront exclus. Mieux encore, ceux qui seront convaincus de fausse déclaration seront poursuivis en justice», affirme notre source. L'arrivée d'une commission d'enquête dépêchée d'Alger a circulé hier parmi les protestataires qui ont affirmé qu'ils ne comptent pas baisser les bras et qu'ils refusent de voir le chef de daïra présider la commission chargée d'étudier les recours. «C'est lui qui a cautionné la première ; nous ne voyons pas comment il pourrait rejeter un travail déjà réalisé sous sa coupe», feront-ils remarquer.