Le P-DG de la Régie autonome des transports parisiens (RATP) dessine des perspectives prometteuses au partenariat avec l'Algérie et les inscrit dans la durée. Pierre Mongin vient de se saisir d'une opportunité médiatique, une interview au quotidien français «Le Figaro», pour souligner à grands traits les futurs projets algériens de son groupe. Une quinzaine de jours après l'inauguration du métro d'Alger, Pierre Mongin – à la tête de la RATP depuis 2006 – s'est attaché à rappeler la nature de la présence de son groupe en Algérie : une coopération multiforme et féconde. «Nous travaillons sur une quinzaine de projets de tramway», a-t-il précisé, une manière de lister l'Algérie au rang des partenaires durables et de taille de la RATP. De la «quinzaine» de projets, Pierre Mongin s'est gardé d'en dire plus. En revanche, il n'a pas tari de «bons points» à l'endroit du partenaire algérien malgré les perturbations qui ont émaillé l'avancement du métro algérois. Affirmant au Figaro que les activités internationales du groupe RATP sont «très faiblement consommatrices en capital», il s'est réjoui du cas du métro d'Alger. Un projet «totalement financé par l'Algérie», a-t-il souligné en guise d'exemple. Métro, tram, téléphérique, bus : une interconnexion salutaire Outre Alger, d'autres villes devraient se mettre, dans les prochaines années, à la mode du tramway : Oran, Annaba, Constantine. La première ligne du métro algérois enfin sortie de ses entrailles, Alger devrait poursuivre son vaste chantier des transports sans marquer de halte. Dès 2012 – toujours sous la bannière de la RATP – la ligne inaugurale bénéficiera d'une interconnexion avec la première ligne du tramway. La régie parisienne jouit d'une grande expertise en la matière. Depuis le début des années 2000, c'est elle qui, dans des délais absolument chronométrés, s'attelle à remodeler la physionomie des transports à Paris. D'ici à quelques petites années, l'entreprise aura relié les lignes de métro à grande affluence avec le tramway des boulevards des Maréchaux. Finalisé, le projet devrait clouer des milliers de voitures dans les parkings. Au grand bonheur des écologistes et autres ennemis de l'oxyde de carbone ! A Alger, ville qui étouffe depuis toujours sous le poids des embouteillages permanents, les premières déclinaisons du métro et, bientôt, du tramway, laissent espérer le «début de la fin» du calvaire. Et si la «ville blanche» basculait, elle aussi, dans la configuration métro-tram-téléphériques-bus ? S'ils se gardent de communiquer tous azimuts sur les ambitions algériennes de leur groupe, les responsables de la RATP ne cachent pas leur ambition de tisser une véritable toile (de transports) autour d'Alger et des grandes villes du pays. Sauf à vouloir perpétuer la crise du transport et de la circulation, Alger – pour ne citer qu'elle – est condamnée à s'y soumettre. Son relief accidenté la condamne irrémédiablement à une interconnexion globale : métro, tramway, téléphériques et bus. L'indispensable «révolution culturelle» A terme, ces moyens «devraient constituer un réseau attractif de transports urbains», selon les responsables de la RATP cités par Mobilité durable, un site français spécialisé dédié aux transports écologiques de demain. A terme, à en croire le scénario de bon augure d'un communicant de la RATP, les «bus pourront peut-être un jour se remettre à circuler normalement» à Alger. Autant dire une véritable «révolution culturelle» dans l'Algérie des transports. Mais cette «révolution culturelle» n'a de chance de réussir que si les «cols blancs» algériens – cadres, chefs d'entreprises, intellectuels – donnent l'exemple. Selon toute vraisemblance, nombre d'entre eux ont dû apercevoir lors de leurs innombrables déplacements à Paris, Londres, Bruxelles ou Madrid, des cols blancs français, anglais, espagnols ou européens rallier leurs bureaux à bord d'un métro, d'un tram ou d'un bus. Anecdote qui mérite d'être racontée : Hubert Vedrine – tour à tour communicant en chef de François Mitterrand, secrétaire général de l'Elysée, ministre des Affaires étrangères – a été un familier du transport en commun. Voici quelques années, il avait rappelé, à la faveur de la sortie d'un de ses livres, qu'il revoyait tous les matins le Quai d'Orsay dont il avait présidé les destinées entre juin 1997 et mai 2002. C'était, racontait-il, à bord du bus 63 (Porte de la Muette-Gare de Lyon) qui, l'emmenant de chez lui à son cabinet d'avocat, longeait le «QG» de la diplomatie française par un des nombreux quais de Seine !