Le train des réformes engagées par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika «impressionnent» la France. C'est son ministre de l'Intérieur, de l'Outre-mer, des Collectivités territoriales et de l'Immigration, venu en Algérie pour une visite éclair d'une journée, en vue de relancer «le partenariat d'exception», qui en parle. «Je salue les initiatives du président Bouteflika qui vont dans le sens des aspirations des Algériens», a d'abord commenté Claude Guéant, avant de déclarer : «Je suis étonné de voir autant de textes présentés à l'Assemblée nationale.» «J'ai été très impressionné par la description que m'a faite M. Ould Kablia de tous ces textes qui ont été soit déjà adoptés, soit présentés au Parlement, afin de donner un supplément de démocratie à l'Algérie», a-t-il expliqué. «C'est profondément encourageant», ajoute le successeur de Brice Hortefeux lors d'un point de presse animé hier à la résidence El Mithak. Il avait, rappelons-le, considéré dans un récent entretien à un journal en ligne que la voie algérienne «n'est pas calquée sur ce qui se passe ailleurs». «Nous apprécions et encourageons les efforts des autorités pour répondre aux aspirations du peuple algérien», a-t-il dit. Le ministre français avait été interrogé sur la montée des islamistes dans la région mais a préféré éviter la question. «Nous avons effectivement fait un tour d'horizon sur la situation régionale. La France estime que ces mouvements méritaient d'être encouragés. Nous avons confiance dans leur réussite», s'est-il contenté de répondre. Sur le traité d'amitié France-Algérie de 2006, Claude Guéant a rappelé que les deux Présidents ont décidé «d'un partenariat d'exception», avant de faire remarquer que l'amitié «c'est dans les actions qu'elle se concrétise». S'agissant des accords de décembre 1968 et la libre circulation des personnes, le ministre français de l'Intérieur a rappelé que la négociation a déjà été relancée lorsqu'il s'est rendu l'année dernière en Algérie en tant que secrétaire général de l'Elysée. «Moins d'un ans après, une réunion a déjà eu lieu et une autre est prévue», a-t-il révélé, affirmant que «les choses avancent». Mais le ministre français a reconnu qu'il y a des éléments qui «s'imposent à nous dans le cadre de l'Union européenne», citant les directives sur l'asile et le pacte sur l'immigration qui n'est pas, selon lui, synonyme de fermeture, mais destiné à «maîtriser le flux migratoire». «Il reste de la place pour des négociations bilatérales, notamment avec l'Algérie», a-t-il tenu à rassurer. Sur la question des visas, Claude Guéant a déclaré qu'elle a été «évoquée» avec son homologue algérien, «de façon générale». C'est dans le cadre des négociations sur l'accord de 1968 que cela se passe, précisera le ministre français. Interrogé sur une éventuelle visite du président Bouteflika en France, c'est le ministre de l'Intérieur Daho Ould Kablia qui répond à sa place, précisant que cette question relève de la diplomatie. Ould Kablia : «La Mosquée de Paris doit continuer à jouer son rôle» Dans un autre registre, le locataire de l'hôtel de la Place Beauvau évoquera la délicate question de la religion musulmane en France et le rôle du Conseil français du culte musulman (CFCM), dont les critères de représentativité sont définis par «mètre carré de mosquée», dans la gestion des lieux de culte. Tout en rappelant que le CFCM «a été créé à l'instigation de Nicolas Sarkozy», Claude Guéant estime qu'il s'impose aujourd'hui dans le paysage français, rappelant que «l'Islam est la deuxième religion du pays avec 4 millions de musulmans, dont un million de pratiquants». Le CFCM dispose, selon lui, de conseils régionaux qui pourraient aider à le faire fonctionner «de façon satisfaisante». Il admettra dans la foulée l'existence de «divergences», à cause des critères, affirmant que la France a créé des organismes de concertation sur les cultes «pour que les problèmes soient réglés». Une partie des divergences, poursuit-il, «vient dans les différences d'appréciation des choix et critères de représentativité». «Le critère du mètre carré est contesté», reconnaît Guéant qui promet de rechercher «de nouveaux critères». C'est à ce moment-là que le ministre de l'Intérieur Daho Ould Kablia intervient : «Sans vouloir interférer dans les affaires internes de la France, je tiens à rappeler la position de l'Algérie à cet effet», a-t-il dit. Et d'expliquer : «Il faut permettre à la Mosquée de Paris de jouer son rôle historique de lieu de rayonnement religieux, moral et culturel en faveur des Algériens prioritairement, parce qu'elle appartient au Algériens». A la remarque de Ould Kablia, Guéant répond : «Elle a une place toute particulière et son recteur a une place à part dans l'organisation de l'Islam en France.» Daho Ould Kablia avait indiqué auparavant que la visite de Guéant avait permis de faire le point «sur tous les secteurs». Nous avons abordé l'essentiel et nos collaborateurs feront le reste dans les prochaines semaines. «Nous sommes déterminés, conformément au souhait exprimé par les présidents algérien et français, à donner l'élan nécessaire à la relance de nos relations dans tous les domaines, sachant que les relations entre les départements de l'Intérieur des deux pays concernent des problèmes extrêmement complexes», a-t-il ajouté, relatifs notamment à «la sécurité, la circulation des personnes, l'installation des personnes et leur séjour».