Invité à nous faire une première évaluation de sa mission à la tête de la Ligue du football professionnel, le président Mahfoud Kerbadj s'inquiète surtout de la violence qui s'est multipliée dans les stades ces derniers temps. Le Temps d'Algérie : Vous êtes arrivé à la Ligue du football professionnel avec l'objectif d'aider les clubs à résoudre les problèmes qu'ils ont connus la saison dernière et notamment les engagements des pouvoirs publics. Est-ce que la situation a avancé ? Mahfoud Kerdadj : «Le président de la Ligue est en effet l'émanation des clubs qui sont d'ailleurs tous représentés soit au niveau du bureau soit dans les différentes structures de cette Ligue professionnelle. Maintenant pour vous dire que nous avons avancé beaucoup ou un peu c'est difficile, car il y a des domaines où il y a eu des améliorations et d'autres où c'est en voie de l'être. Je pense que d'ici la fin de cette saison, on évoluera considérablement dans le règlement des doléances des clubs.» La Ligue professionnelle fonctionne-t-elle comme elle devrait le faire selon vous ? «Moi je dis que nous avons jusque-là tenu nos engagements. Les deux championnats de Ligue 1 et de Ligue 2 se déroulent le plus normalement du monde avec des calendriers qui sont respectés et une organisation plus ou moins acceptable.» Mais tout le monde s'accorde à dire qu'il y a beaucoup de paramètres défaillants, à commencer par celui de l'arbitrage. Qu'avez-vous à dire à ce sujet ? «Au sujet de l'arbitrage, je dirai que si on regarde objectivement cet aspect-là on se rend compte qu'il y a eu beaucoup de bonnes choses avec de jeunes arbitres qui sont en train de faire leurs preuves doucement mais sûrement. Et ma foi, on a souvent tendance à occulter ce côté positif pour focaliser sur une erreur d'appréciation au cours d'un match. On voit même en Europe des arbitres commettre des fautes monumentales sans qu'il y ait un tollé comme chez nous. Je trouve que les acteurs du football n'aident pas suffisamment les arbitres à progresser surtout avec ces contestations systématiques sur nos terrains et qui finalement ne servent à rien car les joueurs savent bien que de toutes les façons l'arbitre ne reviendra pas sur sa décision.» Mais lorsque vous suspendez un arbitre qui a commis une erreur, n'est-ce pas une manière d'ajouter de l'eau au moulin de la contestation ? «Non, pas du tout. L'arbitre fait partie des acteurs du football et tout comme un joueur peut être sanctionné, l'arbitre peut l'être aussi. Je ne vois pas où est le mal, du moment que cela l'incitera à l'avenir à faire plus attention. Ceci dit, l'arbitre n'est pas sanctionné systématiquement lorsqu'il commet une erreur d'appréciation car il y a des erreurs de jugement pardonnables et d'autres qui le sont moins. Il s'agit de faire la part des choses.» La violence et les fumigènes qui ont envahi nos stades, ça aussi c'est un grand problème que doit gérer votre Ligue ? «Croyez que c'est un problème qui me préoccupe nuit et jour car il est crucial voire vital pour notre football. Quand on arrive à avoir mort d'homme dans un stade comme ce fut le cas, il y a quelques jours, de ce jeune supporter je dis qu'il vaut mieux arrêter la compétition. A ce prix-là ça ne vaut plus le coup. Par contre, si on se mobilise tous et quand je dis tous c'est : nous les responsables du football, vous les journalistes, le service d'ordre, les acteurs du terrain et le public qui devons s'unir pour combattre ce fléau et revenir au football spectacle. Aller au stade comme on va au théâtre ou au cinéma. Pour ce qui est des fumigènes aussi je dis basta, ça suffit on n'a que trop expliqué que cela est nuisible pour tout le monde et certains supporters font du mal à leurs clubs qu'ils sont supposés aimer. Il faut qu'à l'entrée des stades on soit plus strict pour que plus aucun objet pyrotechnique ne puisse être introduit à l'intérieur des infrastructures. En fait, les imperfections de notre championnat sont l'affaire de tous et pas seulement celles de la Ligue professionnelle.» L'état des pelouses est lui aussi un sacré handicap pour le professionnalisme que vous êtes en train de piloter, non ? «Ca aussi c'est une amère réalité. Quand on voit qu'à part le stade de Constantine, il n'y a pas une seule pelouse digne de ce nom pour avoir des matches de qualité et sans risques de blessures pour les joueurs, on se dit qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. D'ailleurs on a eu du mal à programmer les deux derbys du week-end dernier à cause de ça.» A tel point que beaucoup de gens se sont demandés pourquoi ce tirage au sort pour domicilier ces deux derbys ? «Oui, mais avait-on réellement une autre solution. Au début, on avait même pensé a programmer un match le jeudi et l'autre samedi sur cette même pelouse du 5 juillet mais on s'est vite rendu compte que c'était impossible. Alors on a demandé aux clubs de choisir entre Rouiba et le 5 juillet mais les quatre clubs voulaient jouer au 5 juillet. Aussi avons-nous décidé un tirage au sort et comme la pelouse de Rouiba n'est pas en très bon état non plus et qu'il y avait des risques de blessures, alors les dirigeants de l'USMA qui était le club recevant ont choisi de jouer à Blida. On a fait en quelque sorte toute une gymnastique pour programmer ces deux derbys qui par le hasard du tirage au sort sont tombés dans la même journée.»