Belaïd Lacarne, patron de la Commission fédérale d'arbitrage (CFA) de la FAF et membre permanent de la commission d'arbitrage de la FIFA, dresse pour la première fois à Liberté le bilan de la phase aller et quelques détails sur son nouveau plan pour l'arbitrage. Liberté : M. Lacarne, quel bilan faites-vous de cette première phase du championnat professionnel ? Belaïd Lacarne : Globalement, le bilan est très satisfaisant, dans la mesure où nos arbitres ont réalisé un bon parcours, en dépit de certaines erreurs minimes somme toute normales dans l'arbitrage. Je vais vous dire une chose, l'arbitrage algérien n'a jamais été aussi bon que cette année, je sais ce que je dis, car je suis très proche de mes arbitres. Mais il y a eu tout de même des contestations de la part des dirigeants de clubs ? Les contestations existent partout dans le monde, pas uniquement chez nous en Algérie, maintenant il faut savoir si ces contestations sont objectives ou subjectives. À mon avis dans la plupart des cas, elles sont subjectives, parce que tout simplement pour un président qui ne gagne pas son match, le bouc émissaire est vite trouvé, c'est l'arbitre. Je refuse cela, je sais que nos arbitres donnent le meilleur d'eux-mêmes pour être justes. Il y a des équipes qui perdent mais qui envoient tout de même des félicitations sur la bonne prestation de tel ou tel arbitre, cela prouve qu'il y a encore des gens qui savent distinguer les choses. Laissez-moi vous donner quelque chiffres qui vous éclaireront sur certains choses : sur les 13 journées de Ligue 1, soit une moyenne de 100 matchs disputés, on a enregistré 15 victoires à l'extérieur, cela prouve que les arbitres sont vraiment neutres, il y a eu aussi 25 matchs nuls. En Ligue 2, on a enregistré 16 victoires à l'extérieur et 27 nuls, c'est tout de même éloquent n'est-ce pas ? On évoque une nouvelle réorganisation de l'arbitrage, quels sont les principaux axes que vous allez développer ? Il faut du temps pour asseoir la politique générale de l'arbitrage, mais on a déjà entamé la réorganisation conformément aux directives de la FIFA qui exigent que dès le mois d'avril 2011, toutes les structures de l'arbitrage doivent avoir la même organisation. J'ai fait partie de ses concepteurs, du moment que je suis membre de la commission d'arbitrage de la FIFA, donc je sais ce que cela représente pour l'avenir de l'arbitrage. Il y aura donc un nouveau schéma type d'organisation de l'arbitrage au niveau des fédérations. Personnellement, je n'ai pas attendu l'instruction pour lancer ce chantier qui est déjà en place depuis une année et demie, on s'achemine donc vers la professionnalisation de l'arbitrage. Donc au niveau de la FAF, vous avez déjà mis en place les structures ? Absolument, M. Raouraoua nous a beaucoup aidés en mettant à notre disposition tous les moyens nécessaires pour qu'on puisse mener à bien notre mission, il est à féliciter pour les efforts qu'il a déployés. Au niveau de la CFA, j'ai déjà installé quatre membres permanents qui s'occuperont de la gestion des dossiers des arbitres, prochainement, on nommera quatre chefs de département qui auront plus de responsabilité dans le suivi de la carrière des arbitres. Il y aura aussi un panel d'instructeurs. Justement, des critiques ont été soulevées contre ces cadres de l'arbitrage, spécialement ceux qui évaluent les arbitres, qu'en pensez-vous ? Mais pas du tout, avant, ils ont marginalisé toutes les compétences en faisant venir certains qui n'ont pas le niveau recuis pour occuper des poste de responsabilité. En ce moment, on est neuf à travailler sur le sujet, les évaluateurs ont toute la confiance de la CFA, on va leur organiser le 23 janvier une journée d'information pour mieux les encadrer, on n'a rien négligé, tout le monde est pris en charge mais il faut que les arbitres aussi s'impliquent. C'est-à-dire ? Qu'ils se prennent en charge, en arrêtant un programme de préparation physique qui leur permette de s'entraîner régulièrement et d'être prêts le jour du match, ils sont bien payés maintenant, ils peuvent donc engager un préparateur physique pour les prendre en charge. Les présidents de club dénoncent certains arbitres internationaux, qui, selon eux, restent impunis malgré les fautes commises. Qu'avez-vous à dire ? À la CFA, on se base exclusivement sur les rapports des évaluateurs, nous ne tenons pas compte des propos des présidents de club qui peuvent dire ce qu'ils veulent, nous on ne s'immisce pas dans la gestion de leurs affaires, eux aussi ne doivent pas nous dicter ce qu'on doit faire. Aucun arbitre n'est au-dessus de la loi, tout arbitre qui faute sera sanctionné. Un rapport détaillé de ses erreurs lui sera transmis afin qu'il puisse corriger ses erreurs. Vous me parlez des internationaux que j'ai moi-même lancé au début des années 2000, je ne peux pas les enlever comme ça, et puis ce n'est pas évident, il ne faut pas généraliser, il y a des bons internationaux comme il y a des moins bons, il faut faire la part des choses. La nouvelle réorganisation qu'on a instaurée obligera chaque arbitre à travailler très dur pour garder son badge FIFA. Il y a eu aussi l'éclosion de jeunes arbitres ? C'est ça, on a Bouseter, Mial, Bahlou et Abid Charef qu'il faut mettre en relief et qui ont réalisé une très belle phase aller, il faut les encourager, car ils incarnent la nouvelle génération sur laquelle la CFA fonde beaucoup d'espoirs. Il y a aussi les jeunes talents de l'arbitrage ? Nous avons 180 jeunes talents qui sont pris en charge depuis deux années, en février on va leur faire un test écrit pour les impliquer davantage. Nous avons aussi 466 arbitres à former en janvier et mars, c'est vous dire que le rajeunissement de ce corps est déjà enclenché, pourvu qu'on nous laisse travailler. La FAF a mis tous les moyens pour notre projet aboutisse. Vous êtes donc optimiste pour l'avenir ? Beaucoup même, l'avenir de l'arbitrage algérien est entre de bonnes mains. Je reste très optimiste.