C'est, hier, à Zéralda que se sont ouverts les travaux de la session ordinaire du madjlis Echoura du mouvement Ennahda, où le parti à remis en cause le processus des réformes en cours, en proposant le gel de toutes les lois adoptées jusqu'à l'installation d'un nouveau Parlement Interrogé par la presse en marge des travaux, le secrétaire général du mouvement Ennahda, Fateh Rebai, n'a pas hésité à commenter les propos récents de son homologue du Front de libération nationale (FLN) Abdelaziz Belkhadem au sujet des prévisions de ce dernier sur le quota des partis islamistes pendant les prochaines législatives. Et au premier responsable du FLN, qui a avancé un taux ne dépassant pas les 40% en faveur des islamistes, pendant le scrutin en question, le patron d'Ennahda dira que «ces déclarations font place à une mentalité rétrograde, la mentalité des quotas et de l'hégémonie…Ce genre de propos donne malheureusement un message signifiant que le sort de ces élections a déjà été conclu». «Ce qui fera résigner le peuple vers l'abstention faute de garanties», ajoutera Fateh Rebai. Avant de préciser que «le peuple est le seul décideur dans les élections et si les prochaines élections seraient libres et crédibles, les forces traditionnelles vont triompher et à leur tête notre parti». Avant que notre interlocuteur ne pousse un peu plus le rubicon, «la mouvance islamiste en Algérie ne peut en aucun cas être en reste de ce qui se passe dans les pays voisins… Elle gagnera les prochaines élections !». Le processus des réformes est pris en charge par un gouvernement partisan Pendant le discours inaugural de la session d'hier, Rebai a bel et bien centré sur le processus de réformes politiques qui s'opère en Algérie, en indiquant que son parti s'oppose à tout ce qui a été réalisé sur ce plan jusqu'à présent. «Les projets de réformes ont été vidés de leur contenu pour des considérations partisanes imposées par une majorité qui pivote autour du pouvoir et de l'administration, ainsi les projets de loi ont été déviés de leur sens.» Ainsi l'orateur précisera que la loi sur les élections est venue consacrer l'hégémonie de l'administration, puisque celle-ci s'est démarquée avec la mission de désignation des commissions de surveillance des élections communales, wilayales et consulaires en l'absence des candidats et des partis concernés. Avant d'aborder le nouveau texte de loi sur les partis, en disant qu'il est né sous le cachet de la crise vécue par le pays pendant la décennie noire, et au lieu de consacrer le vrai multipartisme, le nouveau texte a pérennisé le monopole de l'administration sur l'agrément des partis et leur fonctionnement, comme cela a été le cas pour la nouvelle loi sur les associations, commentera Fateh Rebai. En ce qui concerne le nouveau code de l'information, l'orateur soulignera que «cette nouvelle mouture de loi constitue un découragement auprès des professionnels de l'information, de la classe politique et du peuple… et constitue ainsi une rétrogradation visible sur les acquis de l'ouverture médiatique par l'annulation du haut conseil de l'information remplacé par un Conseil de régulation». C'est ainsi que le parti Ennahda cernera «l'échec des réformes», en quelques points, qui peuvent être résumés dans le fait que le dossier des réformes «est pris en charge par un gouvernement partisan et un Parlement qui a perdu sa crédibilité», «le manque de volonté auprès des parties qui ont mené le processus de ces réformes», alors que «quelques parties considèrent que ces réformes politiques sont une menace sur leur devenir, c'est ainsi qu'elles les ont vidées de leur sens», soulignera par ailleurs le leader d'Ennahda. Devant cet état de fait, le parti de Rebai propose un plan d'urgence pour le sauvetage de la situation, à commencer par le gel de ces textes de loi jusqu'à leur révision par le nouveau Parlement. Entre temps, Ennahda propose la constitution d'un gouvernement neutre pour encadrer les prochaines élections. Une fois la nouvelle législature mise sur pied, elle procédera à la révision de la Constitution et passera en revue les lois gelées, propose, par ailleurs, le mouvement Ennahda.