Contacté par nos soins, le politologue Mohamed Chafi Mesbah estime qu'en se retirant de l'alliance, le MSP veut «se refaire une virginité politique». Selon lui, «le MSP veut se présenter aux élections législatives et aux présidentielles indemne de toute coopération avec le pouvoir». Le parti de Soltani veut avec cette décision reconquérir l'estime du peuple en mettant un terme à sa collaboration avec le système. Lors de son alliance avec le pouvoir, le mouvement prétendait apporter un plus au «devoir national de réconciliation», ce que dément formellement le politologue. «Le MSP n'a rejoint le pouvoir que pour faire introduire des idées islamistes, intégristes et extrémistes», car selon M. Mesbah, «il n'existe pas d'islam modéré et c'est juste une stratégie de Soltani pour s'ancrer davantage dans le système». Le MSP qui, au début, applaudissait à toutes les entreprises présidentielles, notamment celles relatives aux réformes et aux changements, s'est peu à peu démarqué de l'alliance en votant à plusieurs reprises contre des projets de loi. M. Mesbah estime que les conséquences d'une telle décision seront sans effet sur le parti, car le taux d'abstention sera très important, et la population rejette tout ce qui a été «souillé», c'est-à-dire qui a collaboré avec le pouvoir. «Le peuple ne fait plus confiance, il a été leurré à plusieurs reprises et ne croit plus aux changements», indique le politologue qui mentionne que «le MSP n'a plus aucune crédibilité ; il a beau se retirer du pouvoir, ça ne changera absolument rien à ses idées, auxquelles le peuple est farouchement opposé». Le mouvement s'y prend tard pour vouloir se refaire une opinion étant donné que depuis sa création, il a été à la périphérie, voire au cœur du pouvoir. Il y a de quoi se poser des questions sur les réelles intentions de Soltani et de ses proches, car il est intrigant de passer du statut de «défenseurs acharnés» du régime présidentiel à la tendance parlementariste. D'après M. Mesbah, «il se cache derrière cette position un désir électoraliste et des opportunités d'accès au pouvoir inspirés par le succès des islamistes au Maroc, en Tunisie et en Egypte (...) Les ministres de ce mouvement n'hésiteront pas à utiliser tous les moyens peu scrupuleux pour arriver à leurs fins et il y a de quoi s'inquiéter sur leurs motivations», commente le politologue. Le MSP justifie ce changement par sa volonté de redresser la trajectoire et l'«idéologie» des réformes en cours. Il veut reprendre ses activités politiques indépendamment de la coalition dans l'espoir de regagner l'estime du peuple. «Une tentative qui est vouée à l'échec et sera certainement abortive», souligne notre interlocuteur. «Voulant tactiquement se donner une image de parti d'opposition, il décide stratégiquement de changer de veste et de fustiger ses alliés depuis 2004, à savoir le FLN et le RND». «Ce revirement de situation est louche et n'est pas désintéressé», conclut M. Mesbah.