«C'est votre fête. Nous ne voulons pas y être sans être invités». C'est l'ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, qui parlait ainsi hier, à l'occasion du lancement officiel de l'Institut français d'Algérie (IFA), une fusion des Centres culturels français (CCF) et des services de coopération universitaire, éducative, linguistique et culturelle de l'ambassade de France. M. Driencourt, qui répondait à une question sur la célébration du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie et la possibilité de la participation des services de l'ambassade à la commémoration de cette date historique, explique toutefois que s'il y a des manifestations dans ce cadre, elles restent du domaine du «discret». Le diplomate français qui affirme que «cela fait partie aussi de l'histoire de la France», évoquera des initiatives «privées» avant de trancher : «C'est à vous de voir comment célébrer 2012». En revanche, M. Driencourt s'est longuement exprimé sur les raisons de la réorganisation (réforme entamée en 2009) des services (réseaux) culturels et éducatifs français. L'objectif premier, selon lui, est de donner une plus grande synergie et une harmonie dans le travail des anciens CCF. Avec l'Institut français, c'est aussi plus de visibilité et une meilleure coordination entre les différents acteurs et les centres culturels. Aussi, l'autre objectif, et non des moindres, est d'instaurer «une meilleure diplomatie d'influence», avec comme instrument les moyens culturels. D'où la fusion de l'action culturelle française et les 5 centres culturels qui existent à travers le territoire national (6 si l'on compte celui de Tizi Ouzou rattaché à Alger). Une fusion de leur budget et de leurs moyens synonyme d'harmonisation, explique M. Driencourt, qui évoquera 3 pôles d'action, à savoir la coopération universitaire et scientifique (44% de l'activité), les cours de langue (17%) et les différentes manifestations culturelles (17%). L'enveloppe globale destinée au nouvel Institut français d'Alger pour l'année 2012 est de l'ordre de 14 millions d'euros, «ce qui classe l'Algérie au premier rang mondial», explique l'ambassadeur. La France dispose ainsi, explique-t-il, d'instituts à travers le monde, au même titre que le Royaume-Uni (British Council) et l'Allemagne (Goethe institute) ou l'Espagne (Institut Cervantes). Selon M. Driencourt, l'IFA possède un fonds documentaire de 130 000 ouvrages dans ses médiathèques, plus de 11 000 inscrits aux cours de français et plus de 20 000 candidats aux tests et examens français chaque année, en plus de quelque 800 bénéficiaires de la mobilité enseignante et estudiantine. Dans le même contexte, il révèlera qu'en 2011, 1618 bourses ont été attribuées aux étudiants algériens, 4831 visas de long séjour ont été accordés aux étudiants, alors que 270 chercheurs algériens ont séjourné en France. Le nombre de visas attribué aux Algériens en 2011 est de 140 000, affirmera le diplomate français en marge de la rencontre. Evoquant la question du jumelage, il rappellera plusieurs «partenariats» dans ce sens, qu'il considère comme «coopération décentralisée». Relancé sur ce qu'il a appelé «diplomatie d'influence», l'ambassadeur de France expliquera que l'idée à travers ce concept est surtout de mobiliser les moyens culturels. «Nous sommes de bons concepteurs mais de mauvais vendeurs», reconnaît-il, «comparativement aux Anglo-Saxons».