Les trottoirs pleins de neige rendent l'équilibre difficile, les chutes sont presque inévitables en ces jours où le climat a complètement changé sur la capitale et autres régions du nord du pays. Ces chutes de neige,qui ont coïncidé cette année avec la fête du Mawlid Ennabaoui, n'ont pas été sans causer de nombreux accidents de la route et domestiques, liés à l'explosion de pétards et autres produits pyrotechniques. La preuve de l'ampleur des dégâts a été vérifiée au niveau des urgences des hôpitaux de la capitale, pris d'assaut ces deux derniers jours. Hier, les urgences du centre hospitalo-universitaire Mustapha-Pacha étaient submergées de monde. Le CHU a accueilli de nombreux patients victimes de chutes violentes en ces temps record grâce à la mobilisation des équipes de la Gendarmerie nationale et de la Protection civile. L'hôpital ne désemplissait pas de piétons aux poignets douloureux, aux chevilles foulées ou aux coudes fracturés. Examen clinique, radiographie, diagnostic et traitement/orientation étaient réalisés rapidement. L'organisation du service a été adaptée pour faire face à ce phénomène. Le chef de garde de l'hôpital nous a précisé que les urgences étaient débordées mais que c'était fréquent et que ce n'était pas forcément lié aux intempéries. «On recense un nombre important d'accidentés toute l'année et le flux enregistré hier n'a pas dépassé celui des autres jours», a-t-il déclaré. «La neige perturbe en effet lorsqu'elle fait son apparition. Elle n'est pas aussi fréquente qu'au Canada, où les gens la côtoie chaque année et durant plusieurs mois», nous a indiqué une femme accompagnant son mari tombé dans les escaliers. Un jeune homme de 16 ans a été admis dimanche dans la nuit aux services de traumatologie suite à un accident de la circulation en raison de la chaussée glissante. «Le patient est dans un état critique et est toujours en réanimation», nous a précisé un des infirmiers. Deux autres patients sont passés également par les urgences suite à des chutes dans l'escalier. «Les deux patients sont des personnes âgées, leurs fractures risquent de poser problème, et cela est susceptible d'aggraver leur cas», a ajouté le même infirmier. Pour ce qui est des sans-domicile fixe (SDF), ils sont les plus affectés par cette vague de froid et risquent de mourir d'hypothermie en raison des températures très basses enregistrées. «Le SAMU social a mobilisé ses troupes depuis mercredi dernier. Elles sillonnent la ville d'Alger pour récupérer les sans-abri et les placer dans des centres d'accueil», a déclaré M. Cheref, chef de garde. Les urgences n'ont pas reçu cette année de sans-logis en raison des efforts consentis par le ministère de la Solidarité. «Pour cette année, nous n'avons pas admis de malades en hypothermie et les services du SAMU sont arrivés à temps pour secourir les SDF et les conduire dans des établissements spécialisés où ils ont reçu des repas chauds et des couvertures» a rapporté le chef de garde. Prise de conscience collective Pour ce qui est des incidents liés aux produits pyrotechniques, l'hopital Mustapha n'a pas reçu beaucoup de cas. «Il y a eu une prise de conscience collective de la part des citoyens sur le danger lié aux pétards et produits explosifs», renseigne M. Cherif. En effet, un important travail de sensibilisation a été effectué par les médias, les établissements scolaires et les mosquées, rappelant les accidents mortels générés par de tels agissements. Selon les services de garde du CHU Mustapha, «il n'y a pas eu de graves incidents cette année et cela est dû à la vague de froid qui a empêché les enfants et les jeunes de sortir pour allumer leurs produits pyrotechniques». Par ailleurs, les gens ont été surpris par la neige qu'ils n'ont pas vue depuis sept ans et ont préféré s'amuser à faire des bonshommes de neige et se lancer des boules de neige plutôt que d'allumer leurs pétards. Il est important de signaler que les explosifs ont fait d'importants dégâts les années précédentes et que beaucoup de gens ont été blessés. Il y a même ceux qui ont perdu un œil ou qui ont été amputés suite à un accident du genre. A ce propos, M. Cherif nous a cité l'exemple d'une femme qui s'était présentée l'an dernier au CHU Mustapha-Pacha. «La malheureuse a perdu un œil en raison d'un pétard que lui a lancé à la figure sa voisine», nous raconte M. Cherif. Des accidents du genre sont légion et l'interdiction de vente de produits pyrotechniques n'a pas dissuadé les importateurs de revendre leurs marchandises. «Les personnes biens placées sont complices et c'est elles qui donnent l'aval pour la réception de ces produits», déplore le chef de garde du CHU, et d'ajouter : «Le ministre de l'intérieur aura beau interdire la vente de ces produits, si des gens hauts placés entravent la loi, cela n'y changera rien.» Ainsi, le chef de garde appelle à plus de responsabilité de la part des parents qui cèdent aux caprices de leurs enfants et qui provoquent chaque année des incendies et des séquelles à vie chez des personnes touchées par les explosifs.