La veille de la célébration de la fête du Mawlid Ennabaoui, 40 blessés ont été enregistrés dans la wilaya d'Alger. L'utilisation des produits pyrotechniques continue à faire des drames, et ce, malgré la campagne de sensibilisation lancée cette année par les hautes instances du pays. La nuit de dimanche à lundi a donc été la plus pénible à assurer, selon Mme Hawame, médecin de garde à la clinique médico-infantile du centre hospitalo-universitaire (CHU) Mustapha Pacha. Un enfant amputé des deux doigts Le plus pénible pour elle reste sûrement l'opération d'amputation de deux doigts du jeune Mekki Dafri, âgé de 13 ans seulement. «L'amputation était nécessaire dans le cas du jeune Mekki. Il est arrivé dans un état très critique ; il avait des lésions et l'os des deux doigts était à nu», déclare l'intervenante. A notre passage, l'enfant était toujours sous le choc et ne semblait pas être conscient de la gravité de son cas. Ces parents, qui ne le quittent plus des yeux, étaient perdus dans un tourbillon de regrets et de souffrances. Le frère de la victime explique que c'est un jeu d'artifice qui est à l'origine de l'accident. «Mon petit frère l'a allumé et l'a gardé entre ses doigts, alors qu'il devait l'envoyer en l'air.» Ce n'est malheureusement pas le seul cas recensé durant cette nuit cauchemardesque, d'autres amputations moins graves ont été opérées par le même médecin à 4 enfants âgés entre 8 et 12 ans. «C'est des pertes de substance avec fractures internes, et c'est ce qui est étrange», atteste Mme Hawane, affirmant que le type d'accidents de cette année est plus dangereux par rapport aux années précédentes. «Les pétards utilisés sont extrêmement dosés et les parents ne sont pas vraiment conscients. Autrement, ils n'auraient jamais autorisé leurs enfants à acheter des produits explosifs au prix de 1000 DA, comme la ‘‘chitana''.» La «chitana» n'est qu'un modèle parmi tant d'autres, comme le double canon, l'aquarium, le flambeau… qui sont cédés à des prix excessivement cher et qui peuvent engendrer des handicaps majeurs, outre l'amputation d'un membre, comme les brûlures au troisième degré ou encore la perte d'un œil. Au service d'ophtalmologie du même CHU, quatre enfants ont été admis avant-hier suite à de tragiques accidents de pétards. Parmi eux, un de 4 ans qui a dû subir une intervention délicate au niveau de l'œil. Le service ophtalmologique du CHU Maillot a également enregistré cinq cas, dont deux hémorragies internes. Pour une fête qui vient de commencer, ces chiffres ne sont donc que le prélude à un bilan qui risque d'être lourd.