Le président tunisien, M. Mohamed Moncef Marzouki, a affirmé, à la veille de sa visite en Algérie, que les attentes de la Tunisie vis-à-vis de l'Algérie sont "très importantes" et qu'il se déplacera en Algérie avec quelques idées de développement conjoint. "Les attentes sont très importantes. Ma visite est symbolique dans la mesure où j'ai vécu avec l'Algérie dans le sang lorsque j'étais enfant. Mon père a été un activiste impliqué dans le soutien à la guerre de libération de l'Algérie", a précisé M. Marzouki dans un entretien l'APS (lire l'intégral de l'entretien sur le site www.aps.dz). Son père, opposant au président Habib Bourguiba, a dû s'exiler au Maroc, où il est enterré. "Il y a des attentes plus locales. Vous savez, nous passons par une très grave crise économique et sociale. Les poches de pauvreté se trouvent essentiellement dans les régions de nos frontières ouest et sud", a expliqué M. Marzouki, originaire de Douz, ville de bédouins, soulignant qu'il se déplacera en Algérie "avec quelques idées de développement conjoint" de toute la région des frontières ouest de la Tunisie et c'est-là, a-t-il relevé, où il y a "beaucoup d'attentes". Il déplore, cependant, qu'il y a eu "tellement" de traités entre l'Algérie et la Tunisie mais "si peu d'applications". "Par exemple, j'ai découvert des choses qui m'ont frappé : des Tunisiens d'ascendance algérienne, de plusieurs générations, nés en Tunisie et dont les parents sont également nés ici et ne connaissent même pas l'Algérie, sont considérés comme des étrangers. C'est aberrant ! Ce sont des problèmes de vie, de circulation, de propriétés qui ne sont pas réglés", a noté ce professeur en médecine et militant des droits de l'homme, tout en recommandant qu'il faut "vraiment" mettre, aujourd'hui, une "très forte volonté politique" pour que les Algériens se sentent chez-eux en Tunisie et les Tunisiens se sentent chez-eux en Algérie. Situation des 15.000 Algériens en Tunisie : "Au courant de cette année, tout sera réglé" Le chef d'Etat tunisien, élu par l'Assemblée constituante le 12 décembre dernier, a appelé, dans ce contexte, à la promotion des cinq libertés : la liberté de circulation avec une simple carte d'identité, de travail, d'installation, de propriété, de participation aux élections municipales. Au sujet du règlement de la situation des 15.000 Algériens établis en Tunisie, confrontés à des problèmes administratifs, M. Marzouki a affirmé que le processus de régularisation de leur situation est bel et bien engagé. "Le processus a déjà commencé et je le suis personnellement. Le dossier est sur mon bureau. Mon conseiller diplomatique est chargé de suivre cette affaire. Vous connaissez les problèmes de la bureaucratie, mais je peux vous assurer que la volonté politique va être plus forte que la résistance de la bureaucratie. Nous sommes absolument décidés à régler ces problèmes. Au courant de cette année, tout sera réglé", a soutenu l'ancien opposant à Ben Ali. Sur le plan de la coopération sécuritaire entre les deux pays, le président tunisien n'a pas manqué de noter que les institutions militaires de l'Algérie et de la Tunisie coordonnent de "façon étroite" leurs actions. "Depuis plusieurs années, ces deux institutions sont à pied d'œuvre. Cependant, la nécessité se fait sentir pour les cinq pays maghrébins, afin de coordonner leurs actions pour sécuriser cette région qui est certes menacée par l'infiltration terroriste, en raison de la particularité géographique de cette région vaste et désertique", a-t-il ajouté, affirmant que son pays reste "disposé" à le faire avec l'Algérie dans le cadre d'une action commune de lutte contre le terrorisme et le grand banditisme.