Tamanrasset accueillera du 14 au 19 février la troisième édition du festival international des arts de l'Ahaggar, Tin Hinan, Abalessa (FIAATA), placé cette année sous le thème de "la relation entre le patrimoine et les médias" pour donner plus de visibilité aux arts de ces régions dites désertiques. Selon le vœu des organisateurs, ce thème servira de fil rouge à la réflexion sur "les origines et le mode de fabrication des clichés persistants qui entourent le Sahara, ses habitants et son patrimoine culturel", constituant le volet didactique de ce troisième rendez-vous dédié aux arts de l'Ahaggar. Le mode de communication dans la région étant essentiellement oral, les ateliers du festival, placés sous la direction du plasticien Arezki Larbi, visent à encourager la population à s'ouvrir à d'autres modes de transmission et d'autres moyens de sauvegarde du savoir des populations locales (peinture, bande dessiné et photographie). L'atelier de contes et récits, conçu pour la transcription d'un savoir plusieurs fois millénaire mais enfoui dans les mémoires, sera consacré, lors de cette édition, aux récits historiques, notamment au quotidien des populations de la région sous occupation française. Grand succès de la précédente édition, le campement du festival abritera cette année une partie de l'exposition "Architectures de terre et d'argile", réalisée à l'occasion de la manifestation "Tlemcen, capitale de la culture islamique". Cette exposition vise à rappeler l'urgence de préserver les Ksour algériens et tout l'habitat saharien menacé de disparition malgré les campagnes de restauration initiées par la population. Autre objectif de l'exposition: présenter les architectures de terre sous un aspect ultramoderne et faire découvrir l'architecture de terre par le biais de techniques propres à ce modèle de construction, modernisées par des architectes du monde entier. Avec la participation de près de vingt formations musicales algériennes, dont Badi Lalla, diva du Tindi, et Abdallah Mesbahi élève du défunt Othmane Bali, le volet festif de la manifestation, rehaussé par la participation d'artistes confirmés de pays riverains du Sahara, s'avère aussi riche que diversifié. A la suite de Amadou et Mariam et Farka Touré, tous Maliens, qui s'étaient déjà produits l'année dernière, le blues du Ténéré s'invite à Tamanrasset avec Tinariwen (prévu le 17 février), groupe malien de renommée mondiale qui a insufflé un grand intérêt aux musiques sahariennes. Autres invités de marque de cette édition, le Malien Djéli Moussa Condé et la Mauritanienne Malouma, dont la musique fusionne le traditionnel et la World Music, qui montera sur scène le 18 février. Ce programme répond au souci de mettre en avant la musique du sud algérien et ses origines, tout en révélant, chaque année, la dimension africaine profonde, commune à toutes les populations du Sahara. Pour avoir démarré d'une simple rencontre culturelle sur l'Ahaggar, les organisateurs du festival sont aujourd'hui fiers d'avoir initié la population de la région à un grand nombre de disciplines jusqu'à là méconnues, à l'image de l'atelier d'astronomie qui a donné naissance à une association locale d'astronomie qui prévoit d'animer, au cours de cette manifestation, son propre atelier. Le travail de recueil du patrimoine sera symbolisé par l'espace "Imzad" -- un instrument autant qu'une tradition musicale qui se perdent-- mais aussi par la collecte de récits et de témoignages devant aboutir à la production de pièces théâtrales et à la publication de livres, de compilations musicales et de films documentaires. Ce festival a été institué en 2010, sous la houlette de l'archéologue Farid Ighilahriz, dans l'optique globale de recueillir, transcrire et préserver le patrimoine immatériel de la région de l'Ahaggar. Dans cette démarche, les précédentes éditions se sont intéressées à la diversité du legs immatériel de la région puis à la relation entre le patrimoine culturel et son environnement naturel.