Le torchon brûle encore entre le ministère du Transport et les transporteurs privés des voyageurs, dont les chauffeurs de taxi, qui menacent de recourir une nouvelle fois à la grève si leurs revendications ne sont pas satisfaites. Ces dernières se résument en la mise en place de commissions de wilayas. Et l'installation d'un plan national de transport. Ils entendent par ces doléances améliorer non seulement les conditions de leur travail, mais aussi et surtout améliorer les conditions de voyage des usagers. Ainsi l'Organisation national des transporteurs algériens (Onta) met en avant les échecs des tentatives de nouer le dialogue avec la tutelle qui, malheureusement, ignore ses doléances. Hocine Bourraba, président de l'Onta, nous a parlé d'une grève nationale qui paralysera l'ensemble de l'activité du transport des voyageurs. «Si la tutelle n'intervient pas à temps, tout le secteur sera paralysé», nous a-t-il dit, ajoutant que «les transporteurs sont conscients du caractère décisif de cette action pour leur activité en proie à l'anarchie totale». D'ailleurs, la protestation commence à se sentir à travers des wilayas, a-t-il fait savoir en désignant les wilayas de Khenchela, Béjaïa et Tlemcen. Plus alarmant, le syndicaliste indique que la tension a atteint son apogée chez ces opérateurs, qui sont, selon lui, au bord de la faillite. Pour appuyer ses propos, il avance des chiffres qui reflètent une réalité qu'il qualifie «d'amère». Plus de 15 000 transporteurs en faillite «C'est la faillite totale», déplore-t-il. Et pour étayer ses dires, il a évoqué des statistiques concernant la période allant de 2009 à 2011. Selon lui, plus de 15 000 professionnels de transport ont cessé d'exercer en raison de leur faillite, alors que 11 000 propriétaires de bus se sont convertis en simples chauffeurs. Par contre, certains d'eux ont été obligés de vendre aux enchères leur véhicule afin de subvenir aux besoins de leur famille. Il ajoute en ce sens que 10 000 transporteurs, qui ont investi dans le cadre du dispositif de l'emploi de jeunes Ansej, n'arrivent pas à payer leurs crédits de façon régulière. Cet état de fait a poussé aussi bien l'Ansej que la Caisse nationale d'assurance chômage (Cnac) à suspendre leur soutien pour les jeunes. Reléguant au second plan le confort et la sécurité des usagers, 24 000 bus, dont l'âge d'usage dépasse les 10 ans, sont encore en activité. Vu leur état, ces autocars, dont plusieurs ont été mis en exploitation durant la même période (2009-2011), n'ont contribué ni à l'absorption du chômage ni au renouvellement du parc de bus qui, selon M. Bourraba, a connu une «stagnation». Comme ils n'ont pas pu freiner le phénomène des «taxis clandestins», qui ne cesse de prendre de l'ampleur. Ceci est dû à la mauvaise gestion dont la tutelle est impliquée. Il dénonce dans ce sens la note portant sur l'exploitation des anciens bus. Chaque jour, les clauses du cahier des charges sont violées et cela au vu et au su des autorités concernées. Il évoque dans ce cadre le problème de la surcharge, celui des dessertes de certaines lignes au détriment d'autres moins lucratives et celui de l'état de véhicules exploités (polluants, absence de confort et des conditions d'hygiène). Pour conclure, le président de l'Onta appelle, encore une fois la tutelle qui, selon lui, campe sur sa position, à ouvrir les portes du dialogue avec les différents syndicats et de répondre favorablement à leurs revendications.