Le défenseur central Carl Medjani revient dans cet entretien accordé à RFI (Radio France Internationale) sur son choix de jouer pour l'Algérie et évoque le match contre la Gambie qui sera un des premiers enjeux pour le sélectionneur Vahid Halilhodzic. Vous avez joué pour la France en espoir. En 2010, vous avez décidé de faire partie de l'équipe algérienne. Pourquoi ? Carl Medjani : Ce choix a été simple à partir du moment où j'ai été sollicité par la Fédération algérienne après leur qualification pour la Coupe du monde 2010. C'est quelque chose que j'avais en tête depuis pas mal d'années, notamment lors de ma saison avec Lorient alors que j'étais encore dans la catégorie des moins de 19 ans. A l'époque, je jouais avec Karim Ziani (Al Jaish, Qatar, ndlr) qui avait évoqué cette possibilité. J'avais discuté avec son père et avec mes parents, mais je ne voulais pas précipiter les choses car j'étais encore en équipe de France. En 2010, j'ai profité du règlement de la FIFA qui permet aux jeunes internationaux français de rejoindre leur pays d'origine. J'ai donc pris la décision de jouer avec l'Algérie, et aujourd'hui j'en suis très fier. Comment avez-vous réagi par rapport à la polémique sur les binationaux ? Cette polémique était bizarre. Cela n'a rien à voir avec les centres de formation. Les centres servent à former des joueurs pour leur équipe et non pas pour la France. Et comme l'ont souligné certaines personnalités du football, les meilleurs éléments joueront pour la France. Pour le reste, ils rejoignent leur pays d'adoption soit par choix du cœur, soit par défaut. Il ne faut pas faire de langue de bois. Par exemple, un joueur comme Ryad Boudebouz (FC Sochaux, ndlr) avait selon moi les moyens de jouer en équipe de France. Il a préféré le choix du cœur en rejoignant l'équipe d'Algérie ; la décision est propre à chacun et il faut la respecter. Au regard de la liste établie par le sélectionneur gambien, on peut se rendre compte que cette rencontre face à la Gambie est loin d'être un parcours de santé. La plupart des joueurs évoluent dans des championnats européens. Maintenant en Afrique, il n'y a plus de petites équipes. On est très bien placés pour le savoir car l'année dernière nous avons perdu contre la République centrafricaine. Jouer en Afrique est assez particulier ; il y a beaucoup de paramètres qui entrent en ligne de compte, alors tous les matches seront difficiles. D'autant que l'Algérie a perdu à Banjul face aux Scorpions en 2007 pour le compte des éliminatoires de la CAN 2008 et en juin 2008 dans le cadre des éliminatoires de la CAN et du Mondial 2010... Oui, enfin c'est des statistiques. Et les statistiques sont faites pour être changées ! Avec notre nouveau sélectionneur (Vahid Halilhodzic) et notre nouveau staff, nous abordons une nouvelle campagne et j'espère que nous allons obtenir notre qualification pour la CAN 2013 et pour le Mondial 2014 par la suite. A Banjul, nous allons tout faire pour gagner et revenir avec un point positif avant le match retour. J'ai confiance. Vous êtes considéré comme un joueur combatif avec de l'expérience. Lors de la dernière confrontation contre la Tunisie, les Fennecs n'ont pris aucun but. Sachant que la défense algérienne est en chantier, vous avez une belle carte à jouer pour vous imposer dans cette équipe ? Oui, mais j'ai envie de dire que tous les sélectionnés ont une belle carte à jouer. L'équipe nationale n'appartient à personne. Ce sont les meilleurs du moment qui joueront. Et que ma place soit sur le terrain, sur le banc ou en tribune, je serai toujours derrière mon équipe. Si je suis titulaire, je donnerai toujours le meilleur de moi-même. Dans le cas contraire, je ferai en sorte que mes coéquipiers soient dans les conditions optimum pour faire le plus beau match. La sélection dévoilée par Vahid Halilhodzic a suscité beaucoup d'interrogations, notamment avec la non-convocation de Karim Ziani et de Rafik Djebbour. Comment expliquer ce choix ? Je n'ai pas la réponse. Il faut poser la question à Vahid Halilhodzic. Si le coach a pris cette décision, c'est qu'il pense que c'est la meilleure possible, mais je ne suis pas habilité à commenter ce choix ! Que va apporter Vahid Halilhodzic à cette équipe d'Algérie ? Une qualification pour la CAN 2013 et pour le Mondial 2014 ! Ce sont ses objectifs, et c'est tout ce qu'on lui demande. C'est le souhait de toute la délégation algérienne. Lors de la CAN 2012, il y avait aussi de la place pour l'équipe algérienne, vu le niveau général. Cela doit être un grand regret pour vous ? Oui c'est un grand regret mais il fallait peut-être en passer par là pour reprendre un bon départ, c'est peut-être notre destin. Maintenant, il faut faire table rase du passé pour avancer et pour continuer à progresser avec Vahid Halilhodzic. Quelle relation avez-vous avec l'Algérie et avez-vous un club de prédilection ? Toute ma famille habite le quartier d'El Harrach (Alger, ndlr) et je supporte l'USM El Harrach. Je m'intéresse tout particulièrement à eux car c'est le club familial, en quelque sorte celui de mes racines. L'année dernière, ils avaient perdu en finale de la Coupe d'Algérie. Cette année, ils ont un peu plus de mal au niveau du classement et j'espère qu'ils vont faire une belle fin de saison. Il sera difficile de se rendre à la Coupe du monde au Brésil avec seulement 5 nations africaines sélectionnables pour représenter le continent africain. C'est un énorme challenge pour les Fennecs. Oui, c'est un gros challenge mais comme c'est le même système de qualification que lors du Mondial 2010 où nous avions battu l'Egypte, nous ferons le maximum. Vivre une Coupe du monde au Brésil, ce sera quelque chose d'unique. C'est le rêve de tout gamin de jouer un Mondial. Mais le jouer au Brésil, c'est extraordinaire, alors il faut absolument y être. Un mot sur votre coéquipier Ryad Boudebouz qui est en très mauvaise passe avec son équipe de Sochaux (dernière du classement de Ligue 1, ndlr). Je pense qu'il doit être un petit peu triste comme tous les joueurs qui sont dans les équipes relégables. Et j'espère que la sélection algérienne va lui faire du bien. Mais je dois faire en sorte qu'Ajaccio ne soit pas relégable et si on peut mettre Sochaux derrière nous, je serais obligé de me donner à fond pour pouvoir sauver mon équipe ! (rires)