Le Haut-Commandant des forces américaines pour l'Afrique (Africom), le général Carter Ham, a conforté la vision algérienne sur la sécurité dans la bande sahélo-saharienne, rejoignant ses positions en ce qui concerne la nécessité d'assurer la sécurité par les pays de la région, d'arrêter la prolifération d'armes libyennes et le paiement de rançons. Après l'ONU, dont une inspection dépêchée par Ban Ki-moon, dans la région, s'est félicitée de l'efficacité du commandement du Comité d'état-major opérationnel conjoint (Cemoc), et l'Unité de fusion et liaison (UFL), mis en place par les pays dits du champ (Algérie, Mali, Niger et Mauritanie), dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée et transfrontalière, c'est au tour du haut commandant de l' Africom de reconnaître que les pays africains sont les «mieux placés» pour relever les défis de sécurité en Afrique. Le général a relevé les «progrès considérables» réalisés en partenariat avec, notamment les pays du champ dans la lutte contre le terrorisme. Le général, qui s'exprimait lors d'une audition tenue mercredi devant la commission des forces armées de la Chambre américaine des représentants (chambre basse du Congrès), a ajouté que «tous les efforts d'Africom sont guidés par deux principes : le premier est qu'une Afrique sûre, sécurisée et stable est dans l'intérêt des Etats-Unis, le second est que les Africains sont les mieux placés pour relever les défis de sécurité en Afrique. Evoquant la coopération, M. Ham a souligné qu'en 2012, l'Africom s'efforcera de «tirer parti des relations existantes et d'établir de nouveaux partenariats en Afrique afin de renforcer les capacités de défense des pays partenaires pour mieux leur permettre d'assurer leur propre sécurité tout en renforçant la sécurité et la stabilité régionales». A ce titre, il est à rappeler que la «conférence sur le partenariat, la sécurité et le développement entre les pays du champ du Sahel et les partenaires extrarégionaux» tenue, en septembre 2011, en Algérie, en présence des responsables des quatre pays frontaliers (Algérie, Mali, Niger, Mauritanie), de responsables européens de la lutte anti-terroriste et de 38 délégations représentant notamment le système des Nations unies et les «partenaires bilatéraux», comme les cinq pays membres du Conseil de sécurité, a enregistré un franc succès. Le général américain a indiqué que l'Africom «cherchera de nouvelles voies pour travailler avec et à travers l'Union africaine et ses organisations régionales et, aussi, pour soutenir leur leadership dans la prévention et la réponse aux défis de sécurité en Afrique». En effet, a-t-il expliqué, les Etats-Unis «sont de plus en plus liés aux Etats africains et aux organisations régionales du continent à travers le partage des intérêts économiques, politiques et sécuritaires, y compris les engagements pour la consolidation des progrès démocratiques et économiques réalisés ces dernières années». Les aspects économiques et du renforcement de la démocratie, en Afrique, sont évoqués par le général Carter Ham qui observe que l'année 2012 sera «une autre année active pour l'Afrique» avec la tenue d'élections législatives et présidentielles dans une vingtaine de pays du continent. Il a avancé que ces élections pourraient «entraîner une nouvelle dynamique politique et sécuritaire» en Afrique. Le patron de l'Africom a soutenu devant le Congrès que, durant l'année 2011, des «progrès considérables» ont été réalisés en matière de capacités et de coopération avec les partenaires régionaux dans la lutte antiterroriste, citant «les efforts de coopération de l'Algérie, du Niger, du Mali et de la Mauritanie dans la lutte contre l'Aqmi». Aqmi impliquée dans le trafic d'armes en provenance de Libye Pour le général Carter Ham, «les problèmes-clés de sécurité» pour Africom et ses partenaires sont les activités d'Al-Qaïda et de ses affiliés au Maghreb et au Sahel ainsi qu'en Afrique de l'Est. «A travers le continent africain, le trafic illégal (prolifération des armes, trafic de stupéfiants et des êtres humains) et son lien avec les organisations extrémistes violentes constituent une menace importante à la stabilité régionale et aux intérêts nationaux des Etats-Unis», a-t-il affirmé. Il a souligné qu'Aqmi «continue d'accroître ses activités en Afrique du Nord et de l'Ouest, tout en collectant de grosses sommes d'argent par le biais d'enlèvements contre rançons». Ce qui conforte l'initiative algérienne de criminaliser le paiement de rançons. En outre, «il y a des indications claires qu'Aqmi est désormais impliquée dans le trafic d'armes en provenance de Libye», a-t-il souligné, ajoutant que «les bouleversements politiques en Libye et en Tunisie ont créé des opportunités pour Aqmi afin d'y établir de nouveaux refuges». L'Algérie avait intercepté un convoi d'armes Il a également souligné devant le Congrès que «l'Algérie et le Niger, conscients de la menace de trafic d'armes en provenance de Libye, coopèrent désormais pour sécuriser leurs frontières». Sur ce point, il a fait savoir qu'en janvier 2012, «l'Algérie avait intercepté un convoi de quatre véhicules qui transportaient plus de 100 fusils d'assaut, deux lance-roquettes (RPG) et des munitions, soupçonnés d'être d'origine libyenne», ce qui démontre la gravité de la situation engendrée par le trafic d'armes libyennes et la vigilance des pays de la région quant au danger que cela représente. Lors de son audition, le général Carter Ham a également abordé la question du siège de l'Africom qui se trouve actuellement à Stuttgart (Allemagne). Selon lui, la décision finale sur l'emplacement du siège avait été reportée pour 2012 par l'ex-secrétaire à la Défense, Robert Gates, qui a été remplacé par Leon Panetta en juillet 2011. Les services du secrétaire à la Défense, a-t-il détaillé, mènent actuellement une étude approfondie des facteurs qui doivent être pris en compte dans le choix du siège, ajoutant que l'Africom «fournit des données complètes et des informations pour étayer l'analyse du département de la Défense sur les coûts comparatifs, les avantages et les risques des différentes options». Jusqu'à ce qu'une décision finale soit prise, a-t-il noté, Africom «continuera à accomplir ses missions à partir de Stuttgart».