Bien qu'ils tablent sur une victoire certaine aux prochaines élections législatives, les trois partis composant l'Alliance pour une Algérie verte (MSP-Islah-Ennahda), qui rejettent en bloc tout différend à propos de la confection des listes électorales, menacent tout bonnement de se retirer de la course s'il s'avère qu'une fraude massive entache le scrutin du 10 mai. Evasifs, sans arguments qui tiennent vraiment la route, Bouguerra Soltani, Hamlaoui Akkouchi et Fateh Rebai avaient du mal, lors de la conférence de presse commune tenue hier à l'hôtel Safir à Alger, à accorder leurs violons. «Nous envisageons de nous retirer de la course avant terme dans le cas où il y aurait preuve concrète de fraude», a menacé hier Hamlaoui Akkouchi, secrétaire général d'El Islah, qui avertit «le pouvoir de se mettre dans une situation gênante due à une éventuelle fraude». Un grain de sable dans l'Alliance verte : les listes électorales ? Bouguerra Soltani, patron du MSP, se contentera d'acquiescer, sans doute pour cacher les profondes divergences qui minent la nouvelle alliance à propos de la confection des listes électorales, qui nous a été confirmée par un membre du conseil consultatif du MSP, qui requiert l'anonymat. Pour les trois responsables, le différend en question est inventé par la presse. «Il n'y a aucun problème ou différend, il y a juste une concurrence comme si c'était dans un même parti», affirment-ils à l'unisson, expliquant que les candidatures sont «choisies» démocratiquement et soumises ensuite aux conseils consultatifs respectifs des 3 partis pour approbation. Les trois chefs de parti étaient pourtant incapables de donner plus de précisions sur les têtes de listes pressenties et les taux réservés pour chaque parti. Ils annoncent seulement la candidature de Fateh Rebai à Médéa, et réaffirment «l'aspect démocratique» de leur démarche. Pour la conduite de la liste «à enjeux» d'Alger, ils déclarent ne pas être «concernés». Sur l'instruction qu'aurait donné le président de la République pour interdire la candidature des ministres, Bouguerra Soltani, puisque son parti est dans ce cas de figure (4 ministres), se contentera d'annoncer que le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, entre autres, a préféré ne pas se porter candidat, pour, dit-il, «laisser la place aux jeunes». Les trois dirigeants de «l'Alliance verte» affirment tous que «si les élections sont libres et transparentes», leur courant, «un exemple à pendre», sortira vainqueur des législatives prochaines. En cas d'échec, ils rejettent la responsabilité sur l'Etat et les institutions chargées de la préparation des élections. Un raccourci qu'ils expliquent par l'ancrage de l'alliance islamiste «vérifié par les sorties sur le terrain» et le manque de garanties de la part des pouvoirs publics quant à la transparence du scrutin. «Même s'il y a tentative de fraude, comme c'est le cas pour l'inscription de milliers de militaires sur les listes électorales au-delà des délais requis, nous appelons le peuple à aller voter massivement et déjouer ainsi tous les scénarios possibles», ont déclaré chacun à sa manière ces trois chefs de parti qui récusent toute idée de financement étranger de leur campagne. «Je le jure», lancera Akkouchi d'El Islah qui rappellera aux pouvoirs publics que l'Algérie est encore en période de «printemps arabe». Soltani, pour sa part, «conseillera» à Ahmed Ouyahia de «s'occuper du programme de son parti au lieu de s'attaquer à lui».