Une centaine de personnes représentant les 4600 concierges d'Alger-centre a protesté, hier, devant le ministère de l'Habitat contre le silence radio qu'il affiche vis-à-vis de leur revendication, une seule qui se résume à l'achat de leurs loges qu'ils occupent depuis des années. M. Abdelkader Eddalia, délégué du collectif des concierges d'Alger, nous a précisé que cela fait deux ans qu'ils réclament ce droit. Il a ajouté sur un ton remonté qu'ils ont frappé à toutes les portes mais sans écho favorable. Cet avis est partagé par un autre protestataire qui, documents à la main, énumère les institutions publiques, dont l'OPGI, l'APC d'Alger-centre et les services des Domaines sollicités à côté du ministère de tutelle. Devant le silence de ces institutions, les contestataires se demandent à quelle porte il faut frapper pour être entendus. La moitié de ces loges a été vendue par l'OPGI durant les années 1980. Les protestataires, qui exigent l'achat de ces loges, expliquent que «ces maisons appartiennent à nos parents qui ont passé plus de 50 ans à entretenir ces immeubles». Après de longues années d'occupation, leurs ayants droit n'ont aucun droit sur ces «rez-de-chaussée». «Elles sont vendues par piston» (favoritisme), crie une dame, la quarantaine, venant du quartier de Bab El Oued. Fille d'un concierge, la protestataire dénonce l'injustice dont elle est victime. «Le bien de mon père avait été vendu par les Domaines», proteste-t-elle, disant qu'elle est l'objet d'une expropriation «abusive». Pour exposer son cas, une autre protestataire affirme qu'elle est mère de famille, habitant au boulevard Mohamed V et expulsée en 2010 de la loge qu'elle a «héritée» de sa belle-mère, laquelle était concierge dans l'immeuble depuis 1958. L'auteur de cet acte «injuste» est, selon elle, un procureur de la République. «C'est un homme de loi qui m'a expulsée», regrette-t-elle les larmes aux yeux. Pour réclamer un toit pour elle et ses enfants, celle-ci a sollicité les responsables de l'APC qui lui ont tout simplement signifié qu'elle n'avait pas le droit au logement social. Cette dame n'est pas la seule car une dizaine de familles a été expulsée alors que le reste s'interroge sur son sort. Devant un devenir incertain et des attitudes ingrates aussi bien de la police que des voisins, les concernés ne savent plus où donner de la tête. Sur place, on a assisté à des scènes «regrettables» où plusieurs manifestants, dont une femme âgée, ont été tabassés par les forces de l'ordre. «C'est honteux», s'indigne une protestataire en dénonçant ces actes «barbares». Il est à préciser que ces biens immobiliers ont fait l'objet de cession dans l'indivision aux copropriétaires des immeubles, en vertu des dispositions de la loi 81-01 du 7 février 1981, modifiée et complétée, relative à la cession des biens immobiliers, selon la direction de la gestion immobilière relevant du ministère de l'Habitat.