La contestation des listes de candidatures du FLN par les militants du parti ne semble pas connaître de dénouement. Et pour cause, les contestataires s'organisent au mieux pour riposter aux choix imposés par le SG du parti. En ce sens, l'idée de la tenue d'une session extraordinaire du comité central (CC) pour exprimer légalement et de manière irrévocable le retrait de confiance à Belkhadem prend forme progressivement à travers une intensification des contacts entre les militants des différentes wilayas. Il est prévu que le CC -instance suprême au FLN entre deux congrès comme le souligne le règlement intérieur- réunira deux tiers de ces membres, soit 234 éléments avant le 12 avril à Alger. L'objectif principal de cette rencontre est de retirer la confiance à l'actuel SG et de provoquer ainsi son évincement de la tête du parti, explique Boudjemaâ Haichour, ancien ministre et actuel membre du comité central du FLN, au sein duquel il dirige le centre d'étude, d'analyse et de prospective. Haichour s'efforce de démontrer que la colère exprimée par des centaines de militants au lendemain de la divulgation des listes de candidatures ne constitue, selon lui, qu'une «réaction légitime dénonçant une conspiration machiavélique orchestrée par Abdelaziz Belkahem». Des listes qui n'ont pas été confectionnées à l'hôtel Mouflon d'Or comme le faisait croire Belkhadem dans ses déclarations, mais bien «au niveau du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique», a tenu à préciser Boudjemaâ Haichour qui nous a reçus hier au siège national du FLN, sur les hauteurs d'Alger. Ces listes qui ont provoqué un véritable séisme au sein de la maison FLN «sont les plus hideuses et les plus dépourvues d'épaisseur politique comparativement à toutes les autres listes que le parti a confectionnées par le passé à l'occasion des différentes échéances électorales». Le plus choquant, a ajouté notre interlocuteur, c'est le fait que Belkhadem et ceux qui l'ont aidé dans la sélection des candidats pour les prochaines législatives ont toujours prétendu qu'il s'agissait d'une sélection «imposée d'en haut», c'est-à-dire du président d'honneur du FLN, le chef de l'Etat Abdelaziz Bouteflika, impliquant à son insu l'institution de la présidence de la République. D'ailleurs, «le président n'est pas resté de marbre face à cette magouille», poursuit Boudjemaâ Haichour, confirmant les informations selon lesquelles Bouteflika aurait signifié jeudi, aussi bien au SG du FLN qu'à chacun des membres du bureau politique (BP), qu'il ne s'est, à aucun moment, impliqué dans la confection des listes de candidatures et n'a ni écarté ni imposé des candidats. «Bouteflika a pris acte au moment opportun de cette mascarade, à travers laquelle les listes de candidatures ont été établies suivant des critères immoraux, inspirés de la logique du clientélisme», ajoute notre interlocuteur. Il veut «casser» le parti pour favoriser l'émergence des islamistes Pour paraphraser Boudjemaâ Haichour, «la trahison de Belkhadem apparaît au grand jour», arguant du contenu du communiqué rendu public jeudi par les services de la Présidence, où il est précisé que Belkhadem qui s'est rendu à Marseille pour assister à un forum traitant de la thématique du cinquantenaire de l'Indépendance n'assistera à cette manifestation qu'en qualité de SG du FLN, «à l'exclusion de tout autre titre officiel». Ce qui a valeur d'un véritable désaveu de Bouteflika à l'encontre de l'actuel SG du FLN et qui augure d'une parenthèse de disgrâce que connaîtra ce dernier dans un très proche avenir, préconise Boudjemaâ Haichour. Ce dernier se dit convaincu que le choix porté par Belkhadem sur les candidats devant représenter le parti lors des prochaines législatives n'a pour seule explication que de provoquer l'échec du FLN. «Belkadem veut liquider le FLN pour favoriser l'émergence d'un pôle islamiste qui soutiendra sa candidature lors de la présidentielle de 2014», analyse Boudjemaâ Haichour.