La situation au Mali se complique de plus en plus. La rébellion des Touareg prend de l'ampleur, selon les comptes rendus des médias internationaux qui ont annoncé hier des attaques menées par le mouvement séparatiste contre la région de Gao, dans le nord du Mali, après la prise de la ville de Kidal vendredi. Un correspondant de Reuters sur place a indiqué hier que les rebelles tentent de profiter du chaos ambiant dans le pays pour continuer leur progression. «Je les ai vus entrer dans la ville et hisser le drapeau de l'Azawad», a-t-il déclaré, précisant que les forces gouvernementales avaient lancé une contre-offensive. Les insurgés du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) s'étaient emparés la veille de la ville stratégique de Kidal en profitant de la confusion qui a suivi le coup d'Etat militaire du 22 mars. Gao, Kidal et Tombouctou constituent les trois principales villes du nord du Mali. Mais à Gao, la résistance de l'armée est plus forte qu'à Kidal, précise-t-il. «Dans l'après-midi d'hier, des forces gouvernementales ont regagné le centre-ville et les factions séditieuses ont commencé à se retirer de la ville, leur base dans une caserne de pompiers dans les environs de Gao étant prise d'assaut par des hélicoptères et par des armes lourdes de l'armée», a ajouté l'agence Reuters, précisant que des corps étaient sur le sol et que des habitants ont commencé à sortir dans la rue. Par ailleurs, certains rebelles ont crié des slogans en arabe à la gloire d'Allah. Il s'agirait, selon la même source, de groupes islamistes animés par la volonté d'implanter la charia (loi coranique) dans ce pays musulman. Selon Reuters, le Mali est la première victime collatérale du conflit libyen de 2011. «Des mercenaires maliens puissamment armés qui s'étaient battus pour Mouammar Kadhafi sont venus gonfler les rangs du MNLA», a souligné la même agence. Devant cette situation, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) menace d'intervenir militairement pour faire rentrer les putschistes maliens dans leurs casernes et rétablir l'ordre constitutionnel. L'avancée des rebelles touareg, renforcés par les activistes islamistes, inquiète les puissances occidentales et pose avec encore plus d'acuité le problème de la sécurité en Afrique de l'Ouest. La Cédéao a «mis en alerte une force armée de 2000 hommes» après la prise vendredi par les rebelles touareg de la ville malienne de Kidal, a affirmé hier son président en exercice, le chef de l'Etat ivoirien Alassane Ouattara, à la télévision publique ivoirienne, disant vouloir «préserver à tout prix l'intégrité territoriale du Mali». «Nous avons 2000 hommes dans ces forces. Nous avons des équipements. Nous avons demandé à la communauté internationale de nous appuyer, d'appuyer le Mali», a poursuivi le président ivoirien, soulignant toutefois vouloir «éviter la guerre». «Notre souhait est d'éviter la guerre. Si la légitimité est rétablie et que ces mouvements armés s'aperçoivent qu'il y a une mobilisation régionale et internationale, ils quitteront Kidal tout de suite», a-t-il déclaré. Vendredi, la ville de Kidal, au nord-est du pays, est tombée aux mains du groupe armé islamiste Ansar Dine, appuyé par le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA), et des éléments d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Une délégation de la junte malienne à Ouagadougou Une délégation des militaires qui ont pris le pouvoir le 22 mars au Mali est arrivée dans la nuit de vendredi à samedi à Ouagadougou pour rencontrer le président burkinabé Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne, a indiqué hier la présidence burkinabé. Cette délégation de trois militaires est conduite par le colonel Moussa Coulibaly comprenant également le capitaine Adama Diarra et le lieutenant Amadou Konaré, porte-parole de la junte. Pour la première fois, des membres de l'organe formé par les militaires mutins maliens, le Conseil national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat (CNRDRE) vont rencontrer M. Compaoré, nommé médiateur dans la crise malienne par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao, 15 pays).