La rébellion touareg a annoncé la poursuite de son «offensive » au Mali, où l'incertitude régnait toujours sur le sort du président Amadou Toumani touré, renversé jeudi par des militaires déjà de plus en plus isolés par les nombreux appels au retour à l'ordre constitutionnel. Dans le même temps, le capitaine Amadou Sanogo, chef de la junte qui a pris le pouvoir jeudi, a affirmé à la presse que les dirigeants du régime renversé étaient «sains et saufs » et seraient « prochainement remis à la justice malienne ». « Pour l'instant, je ne vous dirai pas » où se trouve le président Touré. « Il va très bien, il est en sécurité », a assuré à la presse le capitaine Sanogo. Mais l'incertitude demeure sur le sort du chef de l'Etat, dont on ignore s'il est prisonnier des putchistes ou encore protégé par des militaires loyalistes. La rébellion touareg, qui a indirectement provoqué le coup d'Etat de soldats excédés par le manque de moyens, a indiqué pour sa part qu'elle entendait poursuivre « son offensive » dans une zone où sévissent aussi des groupes islamistes. Le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) dit vouloir continuer à agir « pour déloger l'armée malienne et son administration de toutes les villes de l'Azawad » (nord), le berceau des Touareg. La rébellion, qui contrôle avec d'autres groupes plusieurs localités du nord-est du Mali, affirme avoir pris le contrôle d'une nouvelle localité, « la ville d'Anéfis, située sur l'axe de la route nationale Gao-Kidal ». A cinq semaines du premier tour de la présidentielle qui était prévu le 29 avril, le coup d'Etat a été condamné dans une déclaration commune par douze des principaux partis politiques maliens, fragilisant la position des putchistes. L'Union africaine (UA) a décidé de suspendre le Mali de toute participation à ses activités et l'envoi à Bamako d'une mission conjointe avec la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Un sommet extraordinaire des chefs d'Etat de la Cédéao se tiendra mardi à Abidjan pour discuter de la situation au Mali. Les Etats-Unis ont prévenu que l'aide économique et militaire de 70 millions de dollars qu'ils versent au Mali risquait d'être compromise si les responsables du coup d'Etat ne rétablissaient pas l'ordre constitutionnel. L'Union européenne (UE) a quant à elle « fermement » condamné le coup d'Etat et appelé « à la libération des responsables de l'Etat », au « retour d'un gouvernement civil et à la tenue d'élections démocratiques comme prévu ». L'UE, un des principaux partenaires du Mali, a décidé « de suspendre temporairement les opérations de développement », sauf l'aide humanitaire. Pays voisins affectés Ces prises de position s'ajoutent aux condamnations des voisins du Mali: Algérie Niger et Mauritanie, où les répercussions de la crise sont fortement ressenties. La guerre dans le nord malien a provoqué le déplacement de plus de 200.000 personnes, dont la moitié environ dans ces pays. Ils sont en outre impliqués dans la lutte contre les activités d'Al-Qaïda au Maghreb islamiques (Aqmi), qui a des bases dans le nord malien d'où elle opère dans la bande sahélo-saharienne. La Mauritanie mène régulièrement en territoire malien des opérations anti-Aqmi. Le Mali est confronté depuis mi-janvier à des attaques du MNLA et d'autres rebelles touareg, dont des hommes lourdement armés qui avaient combattu pour le régime de Mouammar Kadhafi en Libye. Des soldats du rang dirigés par le capitaine Sanogo ont annoncé jeudi avoir renversé le régime du président Touré, après des affrontements avec des loyalistes à Bamako où au moins trois personnes ont été tuées par des balles perdues, selon Amnesty International. Ils ont accusé le président Touré, ainsi que leurs supérieurs hiérarchiques, d'incompétence dans la lutte contre la rébellion touareg et les groupes islamistes, dont Aqmi. Le chef des putschistes, le capitaine Sanogo a affirmé vendredi que «ces gens (les anciens dirigeants) sont sains et saufs. On ne touchera pas à un cheveu de quelqu'un » et ils seront remis «à la justice ». La France, ancienne puissance coloniale, a déclaré vendredi n'avoir pas réussi à joindre le président déchu et a réclamé le respect de son intégrité physique. L'activité restait ralentie vendredi à Bamako où les soldats se sont livrés mercredi et jeudi à des pillages. Le capitaine Sanogo a condamné ces «exactions » et s'est engagé à y mettre fin. Les frontières terrestres et aériennes sont fermées depuis jeudi et un couvre-feu en vigueur de 18H00 (locales et GMT) à 06H00. A la frontière Côte d'Ivoire/Mali des dizaines de camions attendaient vendredi en pleine chaleur de pouvoir passer, certains remplis de denrées périssables, a-t-on constaté