La moudjahida Zohra Drif Bitat a dénoncé hier à Alger une campagne visant à «délégitimer» la guerre de Libération nationale en mettant sur le même pied d'égalité «l'occupant et l'occupé», lors du colloque organisé récemment à Marseille sous le thème : «La guerre d'Algérie, cinquante ans après». «Le glissement qui a eu lieu lors du colloque organisé à Marseille a mis sur le même pied d'égalité l'occupant et l'occupé, l'oppresseur et l'opprimé», a fait savoir Mme Drif Bitat sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale, dénonçant une «campagne de délégitimation de la guerre de Libération nationale». Elle a affirmé que le colloque était censé réunir des historiens, des sociologues et des philosophes pour se pencher sur cet épisode de l'histoire de l'Algérie et de la France et aller vers une discussion approfondie sur ce sujet. Mais, malheureusement, il y avait «un courant qui essayait d'inverser les choses et où la victime doit demander pardon à son bourreau (...), et tenter ainsi de justifier des positions et des politiques en relation avec des intérêts et enjeux réels qui agitent aujourd'hui le monde». «On veut enlever à notre guerre de Libération son caractère juste et légitime», a-t-elle relevé, rappelant que la Révolution algérienne a marqué l'histoire et impulsé le mouvement de libération des peuples de par le monde. La moudjahida a souligné, à cet égard, que «l'histoire, que personne ne peut effacer ou occulter, retiendra que la France a commis des crimes contre l'humanité en Algérie depuis 1830». La France coloniale a commis un «génocide caractérisé en Algérie et appliquait un système raciste et de déculturation sur le peuple algérien, dépossédé de ses biens et dépourvu de ses droits», a-t-elle ajouté. «Des génocides et des crimes contre l'humanité ont été commis par la France en Algérie. Elle (la France) doit reconnaître tout ceci», a-t-elle insisté. Mme Drif Bitat a appelé, à ce propos, à «recommencer ensemble à écrire cette page de l'histoire». «Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'aurons pas épuisé, étudié et tiré les leçons de ce qu'a été la colonisation», a-t-elle estimé, se déclarant «surprise que 50 ans après l'indépendance, les choses ne soient pas encore assez claires».