«Je n'ai aucune haine. Je suis tranquille. Ma guerre est finie. On l'a gagné. Elle est finie.» C'est ce qu'a déclaré Zohra Drif Bitat, sénatrice, en marge du colloque Marianne-El Khabar intitulé «La guerre d'Algérie, cinquante ans après», organisé à Marseille. La sénatrice du tiers présidentiel a tenu à préciser que la guerre d'Algérie n'était pas un acte de terrorisme mais une guerre visant la défense de l'identité des Algériens. «On ne se battait pas contre le peuple français. On se battait contre les forces qui ont décidé de faire sortir de l'histoire tout un peuple», a-t-elle souligné. Dans le même sillage, Mme Drif n'a pas manqué de s'interroger : «Quand vous avez des avions qui peuvent survoler comme ils veulent, jetant des tapis de bombes sur des douars et des montagnes pour tuer tout ce qui vit. Ils ne s'arrêtent pas aux êtres humains. Ils touchent aussi la flore et la faune. Comment qualifiez-vous cela ?» Revenant sur les circonstances ayant motivé le recours à la lutte armée, Zohra Drif Bitat dira que les mouvements nationalistes se sont organisés en partis politiques et ont opté pour le combat politique. Le 1er novembre 1945 a été la conséquence du constat fait par les Algériens sur l'impossibilité d'acquérir un minimum de droits à partir de la lutte politique. «Je pense, objectivement, que nous avons épuisé toutes les formes de lutte politique pour essayer d'avoir au moins le statut de citoyen», a-t-elle dit. «Nous avons adopté la forme de lutte armée qui correspondait à nos moyens», a-t-elle poursuivi. Zohra Drif Bitat se réjouit du résultat de cette lutte armée qu'ont menée les Algériens à cette époque étant que, pour sa génération, «l'Indépendance a été un rêve éveillé». Décrivant l'atrocité du colonialisme, Mme Bitat dira : «C'était vraiment la forme de colonisation la plus barbare qui soit d'une dépossession, d'une déculturation, d'une destruction de notre société.» «Nous avons la joie d'être chez nous. La joie d'être sur notre terre et heureux de l'intégrité de notre territoire. Nous avons un Etat souverain qui applique une politique qu'il détermine lui-même.»