Le pôle judiciaire près le tribunal de Sidi M'hamed a entamé la poursuite du procès avec l'audition de Achour Abderrahmane, principal accusé dans l'affaire du détournement de plus de 21 milliards DA au préjudice de la Banque nationale d'Algérie (BNA). 25 autres personnes sont incriminées, dont deux officiers de la brigade économique. Ces deux derniers sont accusés d'avoir égaré des documents importants relatifs à cette affaire et facilité la fuite au Maroc du principal accusé, avant qu'il ne soit arrêté et livré aux autorités algériennes. Deux personnes incriminées ont déjà été interrogées avant le week-end par le juge. Il s'agit du chef de service de l'agence BNA de Bouzaréah et du directeur de l'agence de Cherchell, accusés d'association de malfaiteurs et de dilapidation de deniers publics, escroquerie, émission de chèques sans provision, faux en écritures comptables et négligences graves. Ces derniers ont nié les accusations retenues contre eux. De son côté, Achour Abderrahmane a nié les faits qui lui sont reprochés. Lors de l'audience, Ainouche Rabah, associé de Achour Abderrahmane et auditionné par le président du tribunal criminel Mohamed Reggad, a révélé que ce dernier a signé, à partir du Maroc, «251 chèques aux montants faramineux émis pendant la période allant de février à septembre 2005 dans le cadre de transactions conclues par les sociétés Maamouna et Natassim, propriétés de Achour Abderrahmane». Ces transferts «étaient inhabituels. On atteignait parfois 27 chèques par jour», a-t-il ajouté, précisant que Achour Abderrahmane disposait «d'agents à l'extérieur et à l'intérieur chargés de lui transférer les chèques pour qu'il puisse les signer. Il gérait de loin comme de près ses sociétés et les comptes bancaires et n'avait pas besoin de spécifier le nom ou le lieu du signataire du chèque». Cette audition a confirmé la complicité des employés de la BNA accusés dans cette affaire. Détournement de plus de 21 milliards DA en l'espace de 18 jours Pour rappel, Achour Abderrahmane a été condamné à 18 ans de prison dans un premier jugement. Selon l'arrêt de renvoi, les faits remontent à 2005 lorsqu'une lettre anonyme est parvenue à la direction de la banque nationale sur «la manipulation de chèques bancaires depuis 2004 par l'accusé Achour Abderrahmane sans que ces chèques ne soient soumis à une vérification comptable». Les questions de la défense de la partie civile (défense de la BNA) ont révélé durant la séance de lundi soir, consacrée à l'interrogatoire de Achour Abderrahmane, que le détournement de plus de 21 milliards DA a eu lieu en l'espace de 18 jours, soit une moyenne de 1,2 milliard/jour. Répondant aux questions de la défense, Achour Abderrahmane a affirmé qu'il était «impossible de retirer 1,2 milliard DA de la BNA, car cela exige une autorisation de la part de la direction générale de la banque et l'usage d'au moins un camion pour transporter une telle somme». L'accusé s'est montré, devant le président de l'audience, expert en matière de transactions bancaires, soulignant qu'en dépit de son expérience, il lui a fallu «4 ans pour déceler les ficelles du complot ourdi contre lui». Il a ajouté que la valeur de certains chèques a été gonflée par le rapport d'expertise, rappelant que les chèques utilisés pour le retrait des sommes colossales détournées de la banque «n'ont pas été retrouvés à ce jour». Achour Abderrahmane a affirmé qu'il n'a pas retiré l'argent et que cette affaire non seulement «n'est pas claire, mais elle vise à l'impliquer pour couvrir le déficit financier enregistré par la BNA en 1998 d'un montant de 40 milliards DA». Il a même présenté au tribunal le scénario qui aurait été adopté dans cette affaire. Il consiste, selon lui, en le retrait de ses propres chèques utilisés en 2004 des archives pour y ajouter des chiffres.