Hier matin, dans les cafés, les Milianais avaient les yeux figés sur les écrans de télévision qui diffusaient des images de l'ex-président Ahmed Ben Bella. une histoire passionnelle relie ces citoyens à celui qui avait beaucoup d'estime et de respect pour les enfants de la ville des cerises. Selon Mokhtar Hadj Rebika Mokhtar, ex-membre du comité central du MDA, parti de Ben Bella, le défunt président avait aimé cette ville pour avoir côtoyé durant sa vie politique 13 nationalistes sur les 415 qui ont été les précurseurs de la Révolution algérienne, tels que Mohamed Maroc, Antri Bouzar, Mohamed Ghersi, Mustapha Ferroukhi et bien d'autres. Durant son mandat présidentiel qui n'a duré que 18 mois, le raïs s'est rendu à quatre reprises à Miliana en mai 1963, en juillet pour la distribution des prix aux meilleurs élèves de la ville, en hiver et le 17 juin, soit juste avant le putsch. C'est sur instruction d'Ahmed Ben Bella que Hadj Mokhtar, membre aussi de l'Association pour la paix et la réconciliation, avait reçu dans son domicile, en septembre 1999, Ali Yahia Abdenour, Abdelaziz Belkhadem, Boukhemkhem et Bensamin pour finaliser le dossier de la réconciliation nationale. Le défunt avait de son vivant gardé un contact particulier avec M. Rebika, auquel il demandait des nouvelles de ceux qui lui sont restés fidèles, une cinquantaine de jeunes qui, par respect pour le zaïm, sèment ses idées et l'idée de son projet. Un projet de société commun pour les peuples arabes. «El Merhoum souhaitait voir les nations arabes s'unir autour d'un même projet et faire bloc contre la mondialisation, dit notre interlocuteur. Si le raïs n'a pas eu d'enfants, il était fier d'avoir ceux qui véhiculent sa pensée et qu'il appelait mes enfants», ajoute Hadj Mokhtar, qui regrette que la télévision n'ait montré ces témoignages qu'après sa mort. A la mosquée de Sidi Ahmed Benyoucef, les fidèles ont prié pour le défunt, et les adeptes ont juré de militer pour la réalisation du projet.