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Un nom, un lieu: Saïm El-Hadj, «Fet elli fet», il était une fois un artiste
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 07 - 01 - 2009

Saïm El-Hadj, c'est le père de «Fet elli fet», un hymne contre l'oubli, d'Ahmed Wahby et de « Montparnasse » de Abdelwahab Doukali. L'évoquer est une tâche assez périlleuse, il faut l'avouer, en raison de ses dimensions multiples.
Saïm El-Hadj est né le 13 mai 1935 à la Rue Palestro, Graba, à Sidi Bel-Abbès. Fils de Bouziane et de F.Issad, Saïm El-Hadj avait deux autres frères et trois soeurs. Aïssa et Ahmed ne sont plus de ce monde. Aïssa, l'aîné, a eu un parcours artistique brillant. Il était connu dans le monde du théâtre, mais aussi par les chansons qu'il interprétait et qui ont fait sa renommée, notamment « Ya Galbi la tgoul Mouhal » et « Farhou Bel Ghayeb ». Il fut directeur du théâtre de Sidi Bel-Abbès. Il est décédé en juillet 1987. Ahmed, le plus jeune, a été fonctionnaire des P&T. Il est décédé en 1996, deux ans après le grand Saïm El-Hadj. Outre les trois garçons, feu Bouziane, qui vivait au 03, Rue Palestro dans le mythique quartier de la Graba, eut trois filles. L'aînée Aïcha n'est plus de ce monde, Khadidja vit à Oran et Zoulikha est restée fidèle au « haouch » familial situé à quelques mètres de la célèbre Medersa, non loin de la célèbre Tahtaha.
Ses enfants ne le décevront pas. El-Hadj s'imposera sur la scène locale où la concurrence artistique était rude, puis à l'échelon régional, à Oran, et nationale par la suite. Feu Saïm El-Hadj avait grandi dans un environnement musical. Sa défunte mère faisait partie des «Fquirates», groupe musical spécialisé dans les chants religieux. Il fréquentera également l'école coranique.
Cet artiste multidimensionnel a d'abord fréquenté le secteur de l'Enseignement, après avoir obtenu les deux parties du bac, en 1956. En tant qu'enseignant, au début de sa carrière professionnelle, il fera un passage obligé à Ras El-Ma, puis Sidi Bel-Abbès ville, et ce dans plusieurs établissements connus. Il sera promu, plus tard, directeur d'école. Mais cela ne l'empêchera pas de rejoindre la célèbre troupe de théâtre «Masrah Echaâbi» avec une pléiade d'artistes connus sur les bords de la Mekkera. Il fit à cette époque la connaissance de Kaki Abderrahmane et Abdelkader Alloula, ainsi que Krachaï Mohamed. L'homme de théâtre que fut Saïm El-Hadj constituera avec ses camarades et amis ce qu'on appellera «le triangle théâtral». Outre cela, il a été par la suite directeur du Conservatoire municipal sis dans l'actuelle bâtisse du Théâtre régional de Sidi Bel-Abbès.
Correspondant de presse avec « La République » à partir de Sidi Bel-Abbès, il animera par la suite une page culturelle hebdomadaire à la chaîne de télévision à partir de la station d'Oran au moment où les studios étaient situés dans la Cité Perret. A vrai dire, Saïm El-Hadj a marqué de son empreinte l'ex-RTA d'Oran en tant que directeur artistique de 1968 à 1987. Très actif et prolifique, il a écrit de nombreuses pièces théâtrales radiophoniques, mises en scène par le défunt Ali Abdoune et diffusées sur la chaîne nationale. Plume intarissable, il a écrit plus de 600 émissions radiophoniques, 25 épisodes sur Jugurtha, 15 sur Ouled Sidi Cheikh. Il présentera une longue série d'émissions sur la poésie populaire et la chanson en général. Initiateur du premier festival de raï en 1985, il gardera un pied à la radio pour animer en collaboration avec Issaad Abdelkader «El-Halqa» (Issaad est un parent du défunt). Sabah, Wahby, Blaoui et la génération de Baroudi, Kinène, Meddah, Sabah, entre autres, ont interprété ses chansons. Il franchira la frontière en écrivant pour les artistes marocains, notamment pour Abdelhadi Belkhiat et pour Abdelwahab Doukali avec le célèbre tube « Montparnasse ». Il a produit des textes à grand succès tels « Ya Mraya », des frères Megri (Maroc).
Il s'était attelé aux côtés de Mohamed Habib Hachelef à l'exaltante tâche de reconstitution du patrimoine populaire, et ce, dans le cadre de la Commission nationale de sauvegarde du patrimoine. Saïm El-Hadj a été l'un des premiers à avoir « constaté » le mépris vis-à-vis du phénomène Raï. « Une méconnaissance quasi-absolue de la sociologie de l'Algérie », a-t-il dit un jour, et qui l'ont mené vers l'une des situations les plus paradoxales que le pays ait jamais connu : une jeunesse indifférente vis-à-vis des médias s'estimant dépositaires de la vérité absolu et servant à longueur d'écoute et de lecture, des cheikhs sans talent et des « hafalates » sans âme. Mais c'est la Chaîne 3 qui parla la première, du phénomène Raï. La suite, tout le monde la connaît. Les choses ont changé. Il faut servir du Raï ou rendre son tablier. Saïm El-Hadj disait le Raï et fut témoin d'une grande partie de son évolution et connaissait toutes ses ficelles, mais il disait souvent qu'il fallait « séparer le bon grain de l'ivraie ». En fait, ancien journaliste, auteur, directeur artistique... était l'un des plus fervents défenseurs de la culture Raï, le vrai Raï, celui qui a une voix et des « tripes ».
Saïm El-Hadj fut également instituteur national du théâtre, parolier, metteur en scène, speaker journaliste, auteur d'une trilogie sur l'Emir Abdelkader. Il a longtemps rêvé d'un grand projet, voire un immense spectacle «son et lumière» sur l'historique de la ville d'Oran et avait entamé, avant son décès survenu le 16 août 1994, une anthologie sur l'art.


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