La justice de la République démocratique du Congo (RDC) a demandé à l'Assemblée nationale la levée de l'immunité parlementaire de treize députés soupçonnés de corruption dans une affaire portant sur des dizaines de millions de dollars. Le procureur général de la République a demandé la levée de l'immunité parlementaire pour permettre de vérifier la matérialité des faits retenus contre ces députés, a déclaré hier une source proche du dossier. La correspondance a été expédiée mercredi au Parlement, a précisé cette source. La porte-parole du président de l'Assemblée, Lydie Omanga, n'a cependant pas confirmé l'information. Un député de la majorité, s'exprimant sous couvert d'anonymat, a confirmé, pour sa part, l'existence de ce courrier. A l'issue d'un vote retransmis mercredi par la télévision publique, l'Assemblée avait mis à la disposition de la justice les treize parlementaires soupçonnés d'avoir été corrompus par le patron de la Direction générale des impôts (DGI).La levée de l'immunité parlementaire est un processus fastidieux qui doit être examinée d'abord au sein d'une commission avant d'être soumise au vote des députés. En cas de rejet, la justice ne pourra pas inculper les incriminés, a précisé une source parlementaire. Les treize députés, dont presque tous sont membres de la coalition au pouvoir, sont accusés d'avoir touché des pots-de-vin auprès du patron de la DGI pour minorer des recettes additionnelles de cette régie financière pour l'exercice budgétaire 2009, selon un rapport d'un comité des sages de la chambre basse du parlement. Dans le cadre de cette affaire, le directeur général de la DGI, Claude Kalubi, a été relevé lundi dernier de ses fonctions par le ministre des Finances pour avoir proposé des sommes d'argent aux députés dans le but de dissimuler un acte injuste. M. Kalubi a également été inculpé par la justice. Un unique représentant de l'opposition, Jean-Pierre Lisanga Bonganga, figure parmi les députés incriminés. Le président de l'Assemblée Vital Kamerhe a assuré mercredi qu'«il n'y aura pas d'interférences politiques» dans la procédure judiciaire. «Le blason de l'Assemblée a été terni, il doit être redoré», a commenté M. Kamerhe.